XRMust est au Kaohsiung Film Festival cette année, couvrant l’événement et notamment sa section XR Dreamland, à l’invitation du Bureau français de Taipei. Retour sur l’activité d’une société de production très connecté au territoire taiwanais : Lucid Realities.
La société de production XR Lucid Realities fête cette année ses 6 ans. Leur stratégie, qui repose principalement sur la coproduction avec des institutions culturelles d’œuvres immersives à diffuser en location-based entertainment (LBE), est aujourd’hui un modèle qui a fait ses preuves et rencontre le marché. 2024 est aussi pour Lucid l’année du lancement d’Unframed Collection, une nouvelle plateforme de distribution B2B à destination des institutions culturelles.
Cover: MONSIEUR VINCENT, d’Agnès Molia & Gordon

Distributeur du dernier Grand Prix Venise immersive, ITO MEIKYŪ de Boris Labbé, producteur d’expériences présentées tant dans de grands établissements comme le musée d’Orsay ou le ArtScience Museum de Singapour, collaborations avec les bibliothèques et médiathèques, sélections dans les festivals internationaux comme en ce moment au Kaohsiung Film Festival (Taiwan), la lumière semble ne jamais s’éteindre dans les bureaux parisiens de Lucid Realities et d’Unframed : bientôt l’âge de raison ?
Lucid Realities fête en 2024 ses 6 ans. Vous avez été l’une des sociétés pionnières dans le paysage des expériences immersives, où en êtes-vous aujourd’hui ?
Chloé Jarry : Lucid Realities va bien. C’est une bonne année qui s’est ouverte avec l’expérience LA PALETTE DE VAN GOGH au musée d’Orsay en complément de leur exposition dédiée au célèbre peintre. Puis nous avons lancé Unframed collection en mars, gagné en septembre le Grand prix comme distributeur avec ITO MEIKYŪ de Boris Labbé (Sacrebleu Productions) à Venise immersive où nous sommes allés aussi comme producteur avec la sélection de CECI EST MON CŒUR de Nicolas Blies et Stéphane Hueber-Blies, que nous avons coproduit avec a_Bahn aux côtés de Phi Studios.

C’est une très belle année grâce à la conviction acquise que la stratégie qui a été la nôtre depuis nos débuts est celle qui est la bonne aujourd’hui. Faire le pari du LBE dans des lieux de culture, engager des musées dès le début de chaque projet est un modèle qui fonctionne. On l’observe d’ailleurs bien quand on voit le nombre d’expériences sur le catalogue d’Unframed. Il y a de plus en plus de studios, de réalisateurs et de musées qui y croient. Nous faisons aussi le choix de rendre la XR accessible au plus grand nombre, c’est notre côté service public. On collabore de plus en plus, grâce à Unframed Collection, avec des bibliothèques et des médiathèques pour que la XR puisse être sur tous les territoires. 2024 est clairement une année charnière qui valide ces choix et notre vision de la structuration du secteur avec l’importance de la distribution pour tous les projets.
Quel regard portez-vous sur la santé des écritures immersives et interactives ?
C.J : Il y a plusieurs définitions de santé ! Sur la santé économique, la XR reste un secteur complexe avec des problématiques de financements assez importantes. Les créations sont souvent difficiles à financer. On espère que le modèle économique grâce à la mise en place d’une billetterie se développe. On observe d’ailleurs que les publics sont prêts à payer pour voir des expériences, ce qui est un signe important. Si on parle de santé en termes de créativité, je pense qu’il faut encore plus d’autrices et d’auteurs dans la XR. NOIRE (COLORED), par exemple, a démontré que la qualité de l’écriture était fondamentale, c’est à mon sens l’une des grandes réussites de ce projet, la puissance du récit. Nous avons réussi à trouver des réalisateurs, maintenant nous devons encourager des scénaristes à venir explorer nos écritures. C’est l’un de nos rôles comme société de production, on en parle souvent entre producteurs. Et sur la santé du côté du public, il y a une vraie diversité et un réel enthousiasme, le public est là. Il nous faut poursuivre la constitution de réseaux pour être en capacité de leur proposer des expériences.
Quelles histoires avez-vous envie de raconter ?
C.J : La ligne éditoriale de Lucid Realities est assez établie aujourd’hui : proposer des projets tous publics autour de l’art et de l’histoire. Mais sur un coup de cœur, on peut aller sur d’autres univers comme avec CECI EST MON CŒUR (voir notre article). On essaye d’aborder toujours les sujets par leur côté sensible, à l’inverse d’expériences qui seraient plus didactiques. On travaille aussi sur un projet de fiction même si notre spécialité reste les histoires documentaires appliquées à ce nouveau champ créatif qu’est la XR.

Comment travaillez-vous à l’international et en particulier avec Taiwan ?
C.J : Nous travaillons beaucoup à l’international côté Unframed sur la distribution. Pour la création avec Lucid Realities nous sommes dans des logiques de coproduction internationale. Nous avons des liens particuliers avec Taïwan. Je crois que j’ai été l’une des premières productrices XR à m’y rendre, dès 2018. Nous avons beaucoup défriché pour créer des liens et des rencontres avec les professionnels taiwanais.
On a travaillé dès 2019 avec le Kaohsiung Film Festival, nous avons eu une bourse TAICCA en 2020 pour le projet LA PLAGE DE SABLE ÉTOILÉ (THE STARRY SAND BEACH), j’y ai été jurée par la suite. On collabore bien sûr avec VIVE Arts mais aussi avec des institutions culturelles comme le National Palace de Taipei ou le musée des Beaux-Arts de Taichung. Unframed a aussi été soutenu par Taiwan grâce à la collaboration avec Pumpkin studio, un partenaire basé à Kaohsiung, qui a développé certains éléments techniques de la plateforme, en particulier pour le PCVR. De nouvelles discussions sont nées également avec des studios avec qui nous aurions envie de travailler sur de futurs projets comme Serendipity ou Flash Forward Entertainment.
Cette année vous avez donc lancé Unframed Collection, une plateforme de distribution à destination des institutions culturelles, comment se passent les premiers mois de vie ?
C.J : Il est bien sûr trop tôt pour faire un bilan, la plateforme n’a que quelques mois, mais les premiers mois se passent très bien avec de beaux partenariats au sein de l’écosystème XR comme avec Astrea mais aussi de nombreux studios. Targo nous a par exemple confié la distribution LBE de leurs expériences. Unframed n’est pas né pour être le distributeur de Lucid Realities mais pour être ouvert à tous les projets. Les institutions culturelles accueillent très bien ce nouvel acteur même si elles ont encore besoin de beaucoup d’accompagnement, ce qui est tout à fait normal. Unframed commence aussi à être bien identifié à l’international. Distribuer dès la première année des œuvres sélectionnées et primées comme FLOW ou ITO MEIKYŪ est un excellent signal et une vraie récompense pour toutes les équipes de création mais aussi de distribution.
Cet article est publié dans le cadre d’un partenariat rémunéré.
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