Événement annuel dédié aux technologies du cinéma et de l’audiovisuel, le SATIS a clôturé une édition record en 2023 avec un appétit renouvelé de la part des industries créatives pour l’innovation. Et une indication forte, celle d’une section XR renouvelée après la fin du 360 Film Festival en 2021, cette fois-ci plus axée sur la production virtuelle et de nombreuses études de cas présentées durant les deux journées du salon.
SATIS 2023 : une édition record
Stephan Faudeux – 2023 a été la plus grosse édition du SATIS à ce jour. Nous avions fait le pari d’occuper l’intégralité de l’espace aux Docks de Saint Denis, avec l’idée que la jauge serait complète (9015 visiteurs sur place, 1800 connectés sur le streaming). Et c’est un challenge réussi ! C’est avec cet espace supplémentaire que nous avons pu proposer un lieu d’échange et de présentation dédié aux nouvelles technologies XR et à la production virtuelle : Big Shoot XR. Dans son ensemble, c’est un salon complet qui nous encourage à continuer sur la même voie pour l’an prochain.
Construire un programme dans l’actualité : IA, production virtuelle…
S. F. – L’intelligence artificielle a été au cœur des discussions, logiquement au regard de l’actualité. Mais c’est un sujet qui nous intéresse depuis longtemps, car ces technologies sont désormais impliquées dans de nombreux workflows. Cette année nous les avons abordés sur l’intégralité des champs concernés : l’écriture, la post-production, l’audio, le juridique… Et toujours au SATIS avec des cas concrets et des entreprises pouvant témoigner de l’utilisation réelle de l’IA. Ça a été également le cas avec la production virtuelle, les moteurs de jeu temps réel, l’évolution des studios dans ce nouvel écosystème accéléré par l’impact du programme France 2030.
S. F. – Et sans oublier l’impact carbone. De l’utilisation des panneaux LED à la création 3D, il faut aussi poser la question de l’éco-production dans ses nouveaux environnements numériques. Les industries audiovisuelles cherchent aujourd’hui à être les plus vertes possibles, avec le concours des pouvoirs publics ou d’associations comme Eco-prod ou le Media club. Il y a un vrai impact des séries et des plateformes associées, qui augmentent le nombre de tournages. Très naturellement il faut que ce mouvement soit accompagné d’une prise de responsabilité écologique.
S. F. – Le SATIS, c’est aussi un salon technique qui aborde l’intégralité des problématiques des secteurs audiovisuels et cinématographiques – en essayant de renouveler la majorité de nos speakers et sujets, pour éviter un effet de copier-coller. C’est un programme dense, mais avec un vrai effort de nouveauté à chaque fois et finalement très peu de powerpoint ! Il faut qu’une exposition comme le SATIS reste un lieu d’échange en direct et de business.
S. F. – Pour la première fois, le salon accueillait d’ailleurs un job dating. C’est quelque chose de régulier dans le domaine de l’animation, mais peu sur les métiers techniques. Nous avons eu +20 sociétés présentes, grandes ou petites structures (MPC, Orange, BCE…) en recherche de talents dans la production et la post-production.
Big Shoot XR : un espace dédiée aux nouvelles technologies XR
S. F. – Le Big Shoot XR (lien) est en quelque sorte l’héritier du salon Screen 4 All qui existait auparavant en parallèle du SATIS. Nous avions déjà expérimenté l’idée d’un plateau de tournage pour tester les technologies en direct (du tournage à la diffusion) sur le salon. Cette année nous avons créé un espace de production virtuelle, avec disguise côté serveurs et ROE Visual pour les panneaux LED, stYpe pour le tracking des caméras, Sony et ARRI comme partenaires, et Yewth. Six sociétés français y étaient invités à présenter en direct leurs derniers projets :
- https://www.laplaneterouge.fr (Marseille, 13)
- https://www.darkmatters.one/ (Tigery, 91)
- https://www.fixstudio.com/ (Clichy, 92)
- https://www.dreamcorp.fr (Paris, 75)
- https://www.bzhstudio.bzh (Vannes, 56)
- https://virtualproductionhouse.com (Trappes, 78)
S. F. – C’est un pari payant, surtout si on considère l’ensemble des entreprises liées à ces technologies qui étaient présentes sur le salon – Big Shoot XR ou à côté. C’est un mouvement de fond dans l’audiovisuel, avec un vrai impact dans le cinéma ou la télévision, mais aussi dans l’animation (Loops Creative Studio à Angoulême notamment) parce que les moteurs 3D temps réel sont partout. Et en tant que salon, il nous faut embrasser cela au maximum, pour provoquer des opportunités commerciales mais aussi dans une vraie volonté d’apprentissage.
S. F. – La 3D temps réel change certains paradigmes de l’industrie, avec une pré-production plus importante. Il y a d‘importantes étapes à considérer, qui changent de place au sein d’un projet (par exemple sur les travellings voiture, des gains de temps de tournage etc.). Et ça impacte aussi les métiers. On espère accompagner ce mouvement, notamment sur le volet formation qui est vital, le coût de ces technologies, mais aussi l’obsolescence du matériel. Le marché va fortement évoluer ces prochaines années – et les JO 2024 (pour la télévision et les émissions de flux) sont déjà un marqueur dans les pratiques.
Mixer pratiques réelles et virtuelles en production
S. F. – Il ne faut pas pour autant tomber dans le piège du “tout production virtuel”. Nous discutons beaucoup de l’usage de ces nouvelles technologies, de leur intégration dans une industrie déjà existante. Il y a des choix artistiques à faire en fonction des résultats souhaités, et tout ne passe pas forcément par les dalles LED… Le tournage réel a toujours un intérêt ! Toutes les innovations que nous discutons ont du sens si elles sont bien utilisées – et heureusement nous les voyons apparaître au niveau national, dans plusieurs régions.
S. F. – Quant à la XR pure (VR, AR, MR), l’intérêt actuel semble aller vers les grands formats et des propositions immersives hors des casques. Mais là-aussi on parle de moteurs temps réel, 3D, processus de production… Les contenus VR en eux-même restent cloisonnés à un écosystème plus réduit qui a dû mal à séduire les autres branches des industries audiovisuelles. Il manque encore des leviers économiques pour que les acteurs de ce marché puissent dépasser un stade actuel largement subventionné. A suivre certainement avec l’arrivée de nouveaux constructeurs ces prochains mois…
SATIS Expo 2024 – 6 & 7 novembre 2024
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