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XR Magazine (FR)

Interview

“La véritable promesse d’INTERSTELLAR ARC réside dans sa capacité à créer des liens entre les spectateurs aussi intenses que dans la vie réelle” – Félix Lajeunesse (Felix & Paul Studios)

2025-09-09

Agnese Pietrobon

« Vers l’infini et au-delà », comme l’a dit un jour un personnage d’un célèbre film d’animation. Et bien que cette phrase soit souvent répétée, parfois à tort et à travers, je pense qu’aujourd’hui, dans cet article en particulier, elle semble plus appropriée que jamais.

« Vers l’infini et au-delà » n’est pas seulement un thème lié à l’exploration spatiale, que Felix & Paul Studios explore dans son nouveau film INTERSTELLAR ARC. Il définit également notre imagination et sa capacité innée – que certaines personnes perdent en cours de route – à imaginer ce qui se trouve au-delà de nos limites humaines et de nos expériences quotidiennes, nous emmenant « là où aucun homme n’est jamais allé ».

Avec leurs créations et leur présence sur le terrain, Felix & Paul Studios ont sans aucun doute transformé ce domaine. Mais ce qui m’a le plus frappé lors de ma conversation avec Félix Lajeunesse au sujet des origines d’INTERSTELLAR ARC, c’est de réaliser à quel point cette vision fictive est ancrée dans quelque chose de profondément humain : la soif d’explorer, l’envie de découvrir et, surtout, le désir de vivre des émotions et de s’émerveiller avec l’ouverture d’esprit d’un enfant.

C’est un concept qui me tient particulièrement à cœur, et j’ai hâte de voir comment il prendra vie dans ce nouveau projet, qui ouvrira ses portes au public le 15 octobre à l’AREA15 de Las Vegas.

Les passagers commencent leur voyage au XXVe siècle, au départ du port spatial HEXO Spaceport One, situé dans la zone 2 : The Terminals à AREA15 à Las Vegas. Après avoir embarqué à bord de l’INTERSTELLAR ARC, les voyageurs entrent en sommeil cryogénique et se réveillent 262 ans plus tard à l’approche de l’exoplanète Arcadia. Les passagers peuvent explorer les vastes espaces défiant la gravité de l’INTERSTELLAR ARC, se préparant ainsi à leur arrivée dans ce nouveau monde. Leur voyage s’achève à Cosmopolis, une ville spatiale tentaculaire en orbite autour d’Arcadia, où commence le prochain chapitre de l’humanité.

www.interstellararc.com

Créer un espace pour l’émotion et l’émerveillement dans un cadre collectif

FÉLIX LAJEUNESSE – Je me consacre désormais à la création d’expériences totalement immersives depuis plus d’une décennie, depuis 2012, lorsque Paul et moi avons commencé à explorer la narration immersive de l’intérieur et que nous avons créé nos studios.

L’idée récurrente à laquelle je reviens toujours est qu’au fond, nous essayons de recréer la vie réelle. Nous tentons de concevoir quelque chose qui véhicule le même spectre émotionnel que les expériences de la vie réelle.

C’est une entreprise colossale, car lorsque l’on réfléchit à ce qui compose la vie réelle, on pense à son étrangeté et à ses possibilités infinies, mais on pense aussi à la subjectivité.

La réalité est filtrée par l’esprit, les sentiments et les émotions de chacun. Elle n’est pas la même pour vous, pour moi, pour Paul ou pour un inconnu qui traverse la rue. Nous percevons tous la réalité différemment, en fonction de nos sens, de notre conscience, de notre subjectivité et de nos origines.

Pour simplifier, l’expérience de la réalité est avant tout une perception subjective. Un être subjectif perçoit quelque chose d’ouvert, empli de potentialités. C’est, à bien des égards, ce que signifie exister dans la réalité. Lorsque nous créons une expérience immersive, ce que nous cherchons à préserver, c’est précisément ce sentiment de possibilité et d’ouverture.

Si vous vous approchez de la télévision en regardant un film, rien dans le film ne change. Mais si vous sortez et vous approchez de la clôture de votre voisin, la situation peut évoluer : vous pourriez heurter la clôture, votre voisin pourrait réagir, le chien se mettre à aboyer, et les événements se dérouleraient en réponse à vos actions. C’est cela que nous associons à une réalité ouverte.

Nous voulons que les participants à nos expériences aient le sentiment que presque tout peut arriver, et qu’ils trouvent, au sein de cette expérience, un espace où leur imagination, leur sensibilité et leur subjectivité puissent entrer en résonance avec le monde que nous avons créé pour eux.

F. L. – Depuis le tout début, j’ai toujours été réticent à affirmer que les médias immersifs et la réalité virtuelle se résument entièrement à la narration. Je n’y ai jamais vraiment cru. Il m’est arrivé d’utiliser ce langage en parlant avec un cadre d’Hollywood ou avec des personnes qui ont besoin de ce cadre pour comprendre le médium. Mais, au fond, je considère la VR comme un médium dans lequel la narration est bien présente, sans pour autant constituer l’ensemble de ce qui s’y joue. C’est une composante, pas l’équation elle-même.

Dans notre travail, notamment avec INTERSTELLAR ARC, nous nous concentrons sur la création de conditions permettant aux émotions d’émerger chez le participant. Nous concevons un rituel, une histoire, au sein de laquelle le participant progresse à travers une expérience qui se déploie. Tous sont exposés à la même succession de moments, mais nous ne dictons pas la manière dont chacun doit les ressentir.

Cela devient particulièrement puissant dans un cadre collectif, car des centaines de personnes partagent le même rituel, la même histoire, la même expérience, et pourtant en ressortent avec des réactions émotionnelles très différentes. Ce contraste est essentiel. Il permet à chaque individu de vivre une rencontre personnelle avec le monde que nous avons créé, même s’il faisait partie d’un vaste groupe de passagers à bord d’un vaisseau spatial futuriste, même si tout s’est déroulé dans un environnement partagé.

Le résultat est à la fois intime et individuel, tout en étant vaste et collectif. Atteindre cet équilibre n’est jamais simple, mais pour nous, le Saint Graal consiste à tenter d’y parvenir.

Les participants au cœur de l’expérience immersive

F. L. – Dans les médias immersifs en général, il s’agit autant de l’expérience que vous concevez que de ce que les participants y apportent. C’est presque une équation équilibrée, du cinquante-cinquante.

On pourrait même le comparer à la question de l’arbre qui tombe dans la forêt : est-ce que cela arrive vraiment, est-ce que cela produit réellement un son, s’il n’y a personne pour l’entendre ? Prenez n’importe quel film que vous aimez et retirez-en tous les personnages. Lors d’un vol récent, je regardais de nouveau Gladiator. Imaginez Gladiator sans un seul personnage : seulement des plans du Colisée, du désert, des décors, deux heures de paysages sans personne. Il manquerait alors quelque chose d’essentiel.

Dans les films de fiction, ce qui donne du sens, c’est la présence des personnages et l’histoire telle qu’elle s’exprime à travers eux. Dans les expériences que nous créons, les acteurs sont remplacés par le public. Le cœur de l’œuvre, c’est la personne qui s’y trouve. Sans son engagement pour incarner les personnages principaux, il n’y a pas d’expérience, seulement des environnements visuels.

C’est pourquoi je pense qu’il n’existe pas d’autre approche possible de ce médium. Pour moi, il s’agit de se tourner vers cette rencontre entre, dans le cas d’INTERSTELLAR ARC, le passager qui devient la figure centrale de ce voyage futuriste, et le monde que nous avons construit. Faire entrer cette personne, avec sa subjectivité, ses perceptions, ses réponses sensorielles, sa personnalité et tout ce qu’elle apporte dans notre univers — cette rencontre est ce qui crée l’expérience.

En tant que créateur, vous pourriez être tenté de penser que votre rôle de conteur est de remplir l’esprit de quelqu’un avec une histoire, de concevoir un spectacle où les éléments sont sans cesse projetés vers le spectateur, et de veiller à ne jamais perdre son attention.

Mais si telle est votre approche, vous ne prenez pas réellement en compte l’idée que la moitié de l’expérience appartient au spectateur en tant que protagoniste, et l’autre moitié à l’univers narratif que vous avez créé. À la place, vous imposez ce monde à ceux qui y entrent, sans leur laisser le sentiment qu’ils peuvent réellement y appartenir ou y contribuer. Dans ce cas, mieux vaut faire des films.

Attention, j’aime le cinéma. J’en viens. Je l’adore. Mais c’est un médium totalement différent. Pour que le type d’expériences que nous créons existe, et pour qu’il apporte un véritable sentiment de contribution au monde, il doit devenir la meilleure version de lui-même, ou du moins la meilleure version de ce qu’il a le potentiel d’être.

Pour nous, cela signifie embrasser l’idée de l’expérience immersive comme une rencontre entre une personne et un univers narratif. Notre tâche est de cultiver cette rencontre, cette synergie. C’est la science fondamentale de ce que nous faisons. C’est, à mes yeux, la science fondamentale du médium immersif lui-même.

Retour à un monde de fiction : de SPACE EXPLORERS: THE INFINITE à INTERSTELLAR ARC

F. L. – Ce qui a d’abord inspiré INTERSTELLAR ARC, c’est, littéralement, tout ce que nous avons accompli au fil de nos carrières et de nos vies, tout ce que nous savons de nous-mêmes et du monde. Nous avons insufflé tout cela dans ce projet.

Plus précisément, lorsque nous avons créé SPACE EXPLORERS: THE INFINITE, notre premier spectacle immersif à grande échelle, multi-utilisateurs et basé sur un lieu — et sans doute l’un des tout premiers de ce type, développé pendant la pandémie — nous n’avions aucune idée de la manière dont il évoluerait ni du type de réponse qu’il susciterait.

Nous travaillions pleinement dans le champ de l’innovation et du risque, mais cela nous semblait inévitable. Nous devions le poursuivre, car au moment de L’INFINI, c’était le seul format et le seul type de spectacle que nous pouvions imaginer pour permettre au public de découvrir le travail que nous avions capté dans l’espace dans son format natif : la réalité virtuelle.

Bien sûr, nous avions aussi prévu, et finalement produit, une série en VR distribuée en ligne et via des casques destinés au visionnage à domicile. Mais nous voulions toucher un public plus large, et nous ne souhaitions pas le faire simplement en convertissant l’expérience VR en projection dôme ou en série télévisée. Nous avons fini par explorer ces formats, mais notre objectif central restait de présenter l’œuvre dans sa forme native en réalité virtuelle, à grande échelle et à un public international.

F. L. – Nous avons compris qu’il nous fallait créer une exposition itinérante. Le défi est alors devenu le suivant : comment concevoir une exposition itinérante qui soit également économiquement viable ? Nous avions besoin d’un certain volume de visiteurs pour traverser l’expérience.

Dans le même temps, nous voulions préserver un sentiment d’intimité et de collectivité, concevoir un parcours pour l’utilisateur et une progression au sein de ce parcours. Cela nous a obligés à repenser notre approche de la narration en réalité virtuelle. Nous venions surtout de la création de contenus VR linéaires et cinématographiques, et soudain il nous fallait briser cette linéarité en multiples scènes et possibilités ouvertes, sans savoir exactement ce que les gens choisiraient de faire ni où ils iraient.

Une réflexion immense a été consacrée à la conception de ce spectacle. Lorsque nous l’avons enfin lancé, nous avons constaté de nos propres yeux que la réaction était plus forte que tout ce que nous avions créé auparavant. La raison en était que nous avions, littéralement, transformé le public en protagonistes incarnés au sein de notre univers.

Auparavant, nos projets plaçaient les spectateurs dans leur salon, où ils enfilaient un casque VR pour vivre une expérience cinématographique et immersive. C’était dépaysant, mais ils restaient assis sur une chaise. Cette fois, cependant, les participants parcouraient un vaste espace de 1 500 mètres carrés, mobilisant leur corps et leurs sens. Nous avons immédiatement compris à quel point cela pouvait être plus puissant.

Ce moment a été une véritable révélation pour Paul et moi, en tant que directeurs créatifs du studio. Nous avons compris que c’était ce que nous allions faire désormais. Il n’y avait pas de retour en arrière possible. En termes de réaction émotionnelle, d’engagement du public et de profondeur du sens que la VR peut transmettre, nous avions l’impression d’aller plus loin et plus profondément que jamais. La dimension sensorielle et physique ajoutée à notre travail à travers ce projet a tout élevé à un niveau que nous n’avions encore jamais atteint.

Le spectacle suivant devait donc être construit sur les bases de ce que nous avions appris.

SPACE EXPLORERS: THE INFINITE, toutefois, était ancré dans la réalité. Il résultait de trois années de tournage dans l’espace avec des astronautes, en collaboration avec la NASA. Sa personnalité, son ton, son orientation étaient d’une nature particulière. Nous avons ressenti un vif désir de revenir à nos origines : la création de mondes fictionnels.

La narration et la fiction sont nos racines. Au fil des années, nous avons produit une grande quantité de contenus non fictionnels, mais nous voulions revenir à la fiction. C’est alors que nous avons décidé que le prochain projet s’appuierait sur cette base tout en racontant une histoire originale. Nous voulions offrir au public une proposition totalement nouvelle, non ancrée dans une pratique ni une approche documentaire, quittant entièrement la réalité pour entrer dans l’imaginaire.

Une fois cette décision prise, l’histoire et le concept ont commencé à se mettre naturellement en place.

Les outils immersifs comme moyen d’atteindre l’essence de l’humain

F. L. – Une chose qui m’a frappé en observant les gens vivre SPACE EXPLORERS: THE INFINITE, c’est que tous semblaient avoir le même âge une fois à l’intérieur, qu’il s’agisse d’enfants ou de personnes âgées. Peu importaient leur statut social ou leur génération. Il semblait que, plongés dans l’expérience, ils devenaient simplement humains. Une fois ces marqueurs extérieurs mis de côté, il ne restait que notre nature commune d’êtres sensibles, qui réagissent au monde de manière émotionnelle.

En ce sens, l’expérience semblait rendre tout le monde à nouveau enfant : jeune, ouvert, réceptif. La plupart des gens portent cela en eux, même ceux qui paraissent fermés. C’est quelque chose contre quoi on ne peut pas lutter. C’est primitif, enraciné dans nos origines en tant qu’êtres humains.

Ce qui m’a fasciné, c’était de voir se manifester chez les participants cette capacité d’émerveillement, d’abandon, et en un sens de lâcher-prise, révélée avec une telle clarté.

Je suis un passionné de science-fiction depuis toujours. En grandissant, j’étais entouré de la collection de bandes dessinées de mon père, principalement des comics européens et français des années 1970. Enfant, c’était pour moi une routine quotidienne que de plonger tête la première dans ces mondes fous et imaginatifs. Je n’avais aucune résistance. Je me perdais dans ces histoires incroyables. Je les prolongeais, je les dessinais à l’école, et elles faisaient profondément partie de ma réalité.

C’est ce même état d’esprit que j’ai observé avec SPACE EXPLORERS: THE INFINITE. Ce médium entièrement immersif crée les conditions idéales pour entrer dans un univers de science-fiction, pour emmener les gens loin dans le futur, à onze années-lumière de la Terre, dans un voyage vers une exoplanète, à une autre étape de l’humanité, lorsque l’exploration interstellaire est devenue possible et constitue quelque chose qui nous unit en tant qu’êtres humains.

SPACE EXPLORERS: THE INFINITE

Nous avons donc décidé de faire ce saut vers un temps et un lieu futuristes — à travers ce médium. Si nous faisions bien notre travail, tout paraîtrait réel. Le public pourrait se laisser emporter par cette proposition et être transporté, tout comme je l’étais enfant en plongeant dans les univers de ces bandes dessinées.

Exploration et quête profonde de sens de l’humanité à travers le prisme de l’immersion

F. L. – C’était le point de départ. Et bien sûr, il y a aussi le fait que nous travaillons avec la NASA depuis si longtemps. Cette année marquait notre neuvième année de collaboration ! Même s’ils ne sont pas impliqués dans INTERSTELLAR ARC, puisqu’il se déroule dans un univers entièrement fictionnel, cette collaboration m’a permis, au fil des années, de passer beaucoup de temps à échanger avec des astronautes, à les interviewer et à m’immerger dans leur univers.

Cela s’est produit principalement à travers SPACE EXPLORERS: THE ISS EXPERIENCE et SPACE EXPLORERS: THE INFINITE, mais aussi avec SPACE EXPLORERS: MISSION TO THE MOON, un autre projet que nous avons créé et qui sortira dans les prochains mois. Et lorsque vous passez du temps avec des astronautes — en Italie, vous pouvez vous intéresser à Luca Parmitano, qui est, je crois, l’incarnation parfaite de ce que je vais décrire — vous commencez à percevoir quelque chose d’extraordinaire.

En apparence, les astronautes se présentent comme des individus extrêmement compétents, intelligents, pragmatiques, parlant souvent comme des ingénieurs : ils expliquent des systèmes, des procédures, des détails techniques. Mais lorsqu’on les amène peu à peu vers des questions plus profondes — ce dont il s’agit au fond, pourquoi ils acceptent de risquer leur vie, pourquoi ils quittent leur famille pendant un an pour aller dans l’espace — on réalise très vite que cette démarche est d’une profondeur exceptionnelle. Avant même de partir dans l’espace, ils consacrent sept années à l’entraînement, à l’apprentissage de nouvelles langues, à vivre à l’étranger. Pourquoi ? Qu’est-ce qui les pousse ?

Ce qui ressort, c’est que, chacun avec ses mots et sa sensibilité, ils partagent tous le même rêve et parviennent à la même conclusion : il existe un point inévitable où l’humanité doit trouver sa place dans l’univers, s’y relier et partir à sa rencontre pour poursuivre cette quête fondamentale consistant à comprendre qui nous sommes et d’où nous venons.

Certains poursuivent cette quête à travers la spiritualité, d’autres par la méditation, d’autres encore par différents chemins. Mais l’univers est un lieu bien réel. Il existe, et l’on peut s’y déplacer, y projeter la présence et la conscience humaines dans de nouveaux espaces. C’est le plus grand mystère qui se déploie tout autour de nous, dans toutes les directions. Et avec lui surgissent les plus grandes questions : sommes-nous seuls ? Qui d’autre est là, quelque part ? Quelle est la nature de tout cela ? Qu’est-ce que la conscience ? Pourquoi pensons-nous ? Quel est le sens de l’existence ?

Peut-être n’existe-t-il pas de réponses définitives, mais il existe des façons de questionner, d’explorer, de chercher. Et ce processus est inévitable. En tant qu’êtres humains, nous sommes poussés à le poursuivre. C’est inscrit dans notre ADN. C’est le même élan qui, autrefois, nous a fait sortir des cavernes et nous a conduits à nous demander ce qui se trouvait de l’autre côté de la montagne. Aujourd’hui, nous nous posons les mêmes questions à propos de ce qui se trouve au-delà de notre système solaire, et à l’intérieur comme au-delà de notre galaxie.

Depuis 1995, nous avons découvert des exoplanètes potentiellement habitables. Nous possédons désormais les instruments nécessaires pour commencer à décrypter la composition de leurs atmosphères et nous interroger sur leur capacité à abriter la vie. Très bientôt, nous pourrons envoyer des sondes — et peut-être pas de notre vivant, mais de celui des générations à venir, nous commencerons à voir des images d’autres mondes. L’humanité en sera profondément transformée. Découvrir une planète habitable fera naître en nous un désir irrésistible d’y aller. Nous nous sentirons poussés à atteindre cette prochaine destination et à explorer.

Car il ne s’agit pas seulement d’y aller. Chaque voyage nous transforme. Chaque fois que nous allons plus loin, notre perception de qui nous sommes change. Notre vision de ce qu’est l’humanité évolue. Et notre compréhension du sens de notre expérience collective se trouve métamorphosée.

Soutenir le projet d’exploration spatiale, c’est au fond soutenir une quête profonde de sens et de finalité. Je crois que c’est ce qui anime le plus intensément les astronautes, et ce qui, en définitive, les inspire : la poursuite de ces grandes questions. Ils consacrent leur vie à contribuer à cette quête.

J’ai toujours eu le sentiment que nous ne racontons pas assez souvent l’histoire de ce « pourquoi ». Les astronautes suscitent l’admiration ; on les voit comme des super-héros bien réels. On les associe parfois à d’autres modèles, voire à des figures fictives comme Captain America, symboles de puissance et de courage. Mais derrière les fusées et l’héroïsme se cache quelque chose de plus profond, ce qui alimente la quête elle-même. C’est autour de cela que je voulais construire mon récit.

Embrasser la puissance de l’expérience immédiate

F. L. – L’idée était d’imaginer, aussi réalistement que possible (même si je mets « réalistement » entre guillemets, car beaucoup d’ingénieurs jugeraient notre proposition irréaliste), où l’humanité pourrait se trouver dans quelques centaines d’années, et comment l’exploration spatiale pourrait nous transformer en tant qu’espèce. Nous voulions embarquer le public dans un voyage où il devienne participant de cette grande aventure de l’exploration interstellaire, d’une manière qui ne soit ni opportuniste ni superficielle, mais au contraire porteuse de sens et de profondeur.

Voyez-vous, je reviens tout juste d’Italie : je n’ai pas lu un livre sur l’Italie, ni regardé un film sur le fait d’y aller, ni envoyé quelqu’un à ma place. J’y suis allé. Et la plupart des choses que nous faisons dans la vie sont de cet ordre : nous vivons des expériences. Si vous dites « je vais à la plage », personne ne vous demandera pourquoi vous n’envoyez pas quelqu’un d’autre à votre place. Nous comprenons tous l’attrait de l’expérience directe. Nous savons tous à quel point les expériences nous façonnent. Nous ne le remettons pas en question. C’est ainsi que nous apprenons, que nous grandissons, que nous changeons, que nous évoluons. Et je ne vois pas pourquoi les médiums artistiques devraient rester une abstraction de cela.

La promesse des médias immersifs réside précisément ici. Je ne dirais pas qu’elle s’est déjà pleinement réalisée ; je crois qu’elle va se déployer de plus en plus au fil des décennies, voire des siècles. Mais sa véritable promesse est cette capacité à se connecter aux individus avec une intensité comparable à celle de l’expérience vécue, car c’est ainsi que nous sommes faits pour être au monde, pour interagir avec lui. L’immersion cherche à recréer cela à l’intérieur d’un médium, plutôt que d’abstraire et de ne présenter qu’un fragment dans un cadre.

INTERSTELLAR ARC : une expérience 100 % en temps réel

Les projets fondés sur de telles ambitions et de tels principes sont inévitablement très complexes. Depuis nos débuts en 2012, environ 90 % de notre travail a relevé de la réalité virtuelle cinématographique : des expériences réelles filmées en 3D/360. Cela inclut des projets avec l’ancien président Obama (THE PEOPLE’S HOUSE & THROUGH THE AGES), avec des tribus nomades dans la série des NOMAD, avec LeBron James (STRIVING FOR GREATNESS), Eminem (MARSHALL FROM DETROIT) ou avec le Cirque du Soleil. Tous étaient en prises de vues réelles, filmés dans la réalité, et de structure linéaire.

When we produced SPACE EXPLORERS: THE INFINITE, the foundation was also cinematic VR, based on the content we had filmed aboard the International Space Station. Yet the way audiences accessed that content was through a real-time rendered environment created within Unreal Engine. Visitors could walk through it as though inside a game or a simulated world, accessing the cinematic VR scenes from within the real-time experience. The result was both a real-time rendered experience and a pre-rendered cinematic one, intertwined.

Avec INTERSTELLAR ARC, en revanche, tout change. Cette fois, l’expérience est rendue à cent pour cent en temps réel. Elle se déploie dans un univers entièrement fictionnel, avec seulement un contenu cinématographique minimal. C’est, en essence, un environnement totalement généré.

Pour notre studio, cela représente une entreprise totalement nouvelle et d’une grande complexité. Cela a exigé une réflexion approfondie sur la manière de faire évoluer notre pratique, qui puisait ses racines dans la narration cinématographique, afin de créer quelque chose de cette ampleur sous la forme d’une expérience interactive entièrement en temps réel. Le chemin pour en arriver là a été considérable.

Entre défis et possibles : faire grandir une expérience vivante

F. L. – L’un des défis que nous avons rencontrés avec INTERSTELLAR ARC est celui de l’interactivité. L’interactivité peut parfois sembler artificielle. Elle peut paraître superficielle en comparaison avec la profondeur d’une expérience cinématographique, où l’on réfléchit soigneusement à la manière de façonner l’histoire ou de construire le parcours émotionnel. Les participants peuvent entrer dans une expérience interactive et simplement s’amuser avec des éléments comme s’il s’agissait d’un jeu léger.

La véritable difficulté réside dans l’équilibre entre l’interactivité et l’univers narratif que l’on cherche à transmettre. Cet alignement est crucial. L’objectif est que l’interactivité serve l’expérience, et qu’elle ne donne pas l’impression d’être un simple assaisonnement ajouté pour le divertissement, sans réelle portée ni gravité.

Ce que j’aime le plus, c’est que l’expérience elle-même est toujours en évolution. Elle n’est jamais achevée ; elle continue de grandir et de se transformer. Pour moi, elle ressemble à un organisme vivant, presque comme un jardin. On plante un jardin, on en prend soin, mais on ne peut pas contrôler tout ce qui s’y passe. Il développe sa propre vie. Des choses surgissent de manière inattendue. Il y a du chaos, mais aussi de la beauté. Et cette beauté réside précisément dans le fait qu’il est vivant, avec sa propre logique et ses propres règles.

Et un projet comme INTERSTELLAR ARC donne réellement l’impression d’avoir pris sa propre vie. Par moments, il semble que les réponses viennent du jardin lui-même, donc du projet. Il agit d’une certaine manière, et l’on se dit : il va simplement falloir vivre avec cela désormais. Et j’adore ça.

L’inconvénient, bien sûr, c’est que, du point de vue d’un producteur, cela peut donner l’impression que nous voulons travailler indéfiniment sur le projet. Mais ce n’est pas le cas. Ce que nous voulons dire, c’est que nous cherchons à l’améliorer sans cesse et à le faire évoluer au fil du temps.

Plus concrètement, cela renvoie à ce que j’évoquais plus tôt : le spectateur est le protagoniste central de l’expérience, celui qui la complète. Sans ce protagoniste, l’expérience n’existe pas pleinement. Faire des prototypes en studio est une chose. On peut inviter des centaines de personnes à vivre l’expérience et à donner leur avis, en remplissant des questionnaires sur ce qu’elles ont compris ou non de l’expérience.

Cependant, la véritable mise à l’épreuve n’intervient qu’au moment du lancement du spectacle face à un vrai public. Dans ce cas, ce sera à Las Vegas, avec des spectateurs qui ne savent rien de nous, ni de Felix & Paul Studios, ni de INTERSTELLAR ARC en tant que marque. Ce n’est pas Star Wars ni Marvel ; c’est une nouvelle propriété intellectuelle. Pour beaucoup de ces visiteurs, non seulement le studio et INTERSTELLAR ARC seront totalement nouveaux, mais la réalité virtuelle elle-même pourrait être une expérience qu’ils n’ont jamais vécue auparavant. Et même pour ceux qui ont déjà essayé la VR, rares sont ceux qui ont passé quarante minutes à marcher à l’intérieur d’un gigantesque vaisseau centrifuge en réalité virtuelle.

Le niveau de nouveauté est saisissant, si bien que la véritable compréhension de ce que nous avons créé n’arrivera qu’au moment de l’ouverture du spectacle, lorsque nous verrons des centaines de personnes le traverser. C’est alors que nous comprendrons ce qui fonctionne, ce qui demande à être affiné, ce qui suscite l’émerveillement, et comment le public réagit réellement. Jusqu’à ce moment-là, nous pouvons deviner, mais nous ne pouvons pas le savoir pleinement.

À partir de là, on tire des conclusions, on recueille des enseignements, et on laisse le jardin évoluer autrement : en faisant des ajustements, en ajoutant des fleurs, en retirant les mauvaises herbes.

C’est exactement ce que nous avons fait avec SPACE EXPLORERS: THE INFINITE. Comme il s’agissait d’un spectacle itinérant, chaque nouvelle ville impliquait de repenser certains aspects. En moyenne, nous passions six mois dans chaque lieu, et pendant la première ou les deux premières années, chaque relance dans une nouvelle destination s’accompagnait de changements dans le spectacle.

Avec INTERSTELLAR ARC, la situation est différente puisqu’il s’agit d’une production en résidence à Las Vegas, où elle restera plusieurs années. Mais je pense que l’approche restera la même. Tous les quelques mois, nous ajouterons, affinerons, ferons évoluer l’expérience afin de la maintenir vivante.

Le lancement à AREA15

F. L. – Le 15 octobre marque le lancement officiel de INTERSTELLAR ARC dans la Zone 2 : The Terminals à AREA15 à Las Vegas.

AREA15 connaît une expansion rapide. Tout a commencé avec l’expérience immersive de Meow Wolf, que j’admire énormément. Je pense que l’équipe derrière AREA15 a observé le succès de Meow Wolf et a compris qu’il existait un public pour les expériences immersives. Ils ont voulu développer cette vision, l’élargir, et ils construisent aujourd’hui un tout nouveau district. Nous allons en faire partie.

Je crois profondément en ce qu’ils essaient de réaliser : créer une synergie entre différentes expériences, bâtir tout un quartier où les gens pourront venir et découvrir des formes extraordinaires d’immersion. Cela ressemble au début d’un voyage plus vaste, auquel nous avons hâte de prendre part.

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INTERSTELLAR ARCFelix & Paul Studios

Publication:

septembre 9, 2025

Author:


Agnese Pietrobon
XR Magazine (FR)

–

Interview

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