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XR Magazine (FR)

Creative

LA MAGIE OPÉRA, mise en scène du prestige et fabrique institutionnelle de la VR

2025-11-03

Catherine Ertzscheid

Coproduite par BackLight, l’Opéra national de Paris et VIVE Arts, LA MAGIE OPÉRA prolonge la trajectoire d’un studio français qui a su faire de la réalité virtuelle un spectacle collectif et immersif. Présentée au Palais Garnier dans le cadre du programme de célébration des 150 ans du Palais Garnier, et sélectionnée à Venice Immersive 2025, l’expérience propose une déambulation poétique entre réalité patrimoniale et imaginaire lyrique. 

LA MAGIE OPÉRA confirme une tendance : la VR comme outil de représentation du prestige culturel français. Entre production artistique, dispositif institutionnel et vitrine technologique, cette production raconte autant l’Opéra que l’économie symbolique dans laquelle la VR cherche désormais à s’inscrire.

L’Opéra comme scène de la VR française

Depuis plusieurs années, BackLight a consolidé une position singulière dans l’écosystème européen de la réalité virtuelle : celle d’un artisan du LBE (Location-Based Entertainment) capable d’articuler exigence artistique et expérience publique. Des titres comme ECLIPSE (2017) ou LE BAL DE PARIS (2021, avec Blanca Li) ont démontré que la VR pouvait être à la fois chorégraphiée, collective et spectaculaire. Avec LA MAGIE OPÉRA, le studio s’aventure sur le territoire de la commande institutionnelle, à la croisée du patrimoine et du luxe culturel.

Le Palais Garnier devient ici un personnage. Le spectateur, invité à revêtir un casque VIVE Focus 3, est guidé par la voix de Céleste, jeune apprentie découvrant les secrets du lieu. La narration invite les participants à circuler entre les coulisses, la scène et les toits, sous les airs de Tosca, Carmen ou Rusalka. L’approche n’est plus celle de l’exploration libre mais d’un ballet de trajectoires orchestrées, reflet de la rigueur du lieu qu’elle met en scène. La VR s’y fait décor total, un écrin numérique pour une institution centenaire.

En installant la VR dans le temple du lyrique, BackLight signe un basculement du “VR entertainment” vers la “VR de prestige”. Ce n’est plus la technologie qui cherche sa légitimité dans la culture, mais la culture qui s’appuie sur la technologie pour renouveler sa propre aura.

Une économie du prestige : mécénat, institution et modèle LBE

LA MAGIE OPÉRA illustre une tendance désormais structurelle : la convergence entre mécénat technologique et institution culturelle. Le projet, soutenu par VIVE Arts (programme de mécénat d’HTC dédié à la création XR), repose sur une coproduction tripartite : BackLight (conception et direction artistique), Opéra national de Paris (accès au site, validation patrimoniale) et VIVE Arts (infrastructure, diffusion internationale).

Sur le plan économique, le dispositif s’inscrit dans un modèle expérimental : une expérience géolocalisée accessible sur réservation dans un espace dédié du Palais Garnier ; un tarif couplé (environ 39 €) incluant la visite de l’édifice ; un débit limité pour préserver l’encadrement et la stabilité technique.

L’ensemble mobilise un savoir-faire logistique hérité des accords entre salles d’exploitation et BackLight : synchronisation multi-utilisateurs, assistance humaine continue, maintenance des casques, calibration spatiale quotidienne. Ce choix du contrôle total garantit la qualité mais limite la rentabilité. Le projet n’est donc pas un produit commercial au sens strict, mais un investissement symbolique, une opération d’image où la VR sert à affirmer la modernité d’une institution et la maîtrise technologique d’un studio.

L’économie culturelle de la VR ne semble plus reposer tant sur la fréquentation, que sur la capacité à s’adosser à des lieux et des marques capables de produire du sens et du prestige.

Politique des images patrimoniales : l’institution, la fiction et le fantôme

Le titre LA MAGIE OPÉRA semble annoncer un émerveillement sensoriel. Mais derrière la féerie se joue une autre dramaturgie : celle du pouvoir des images. Qui parle, ici, de l’Opéra ? L’institution, le studio ou la fiction ? La mise en scène du lieu alterne trois registres : celui de la représentation institutionnelle, fidèle à l’imaginaire national, dorures, travellings lents, majesté du décor ; celui de la poétique narrative, incarnée par Céleste, figure jeune et féminine qui découvre un monde codifié ; celui du fantasme collectif, où le Palais devient espace spectral, traversé de souvenirs et de voix.

La VR, en reconstituant les lieux à l’échelle 1:1, produit une double illusion : celle de la proximité et celle de l’intouchable. On visite l’Opéra comme un fantôme parmi les fantômes. La technologie redonne vie au patrimoine tout en le maintenant dans sa distance sacrée.

LA MAGIE OPÉRA promet l’ouverture, mais elle reconduit la verticalité symbolique d’un art élitiste. La VR ne démocratise pas, elle sublime. Et cette sublimation, BackLight la met en scène avec la précision d’un cérémonial.

De Venise à Paris : la consécration comme horizon

La sélection à Venice Immersive 2025 confirme cette logique de reconnaissance par les pairs. Pour BackLight, c’est un retour sur la scène internationale après Le Bal de Paris (Lion de la meilleure expérience VR, Venise 2021). Cette présence festival souligne un glissement : la VR française, longtemps cantonnée à la démonstration technique, revendique désormais une dimension institutionnelle et artistique. Aux côtés d’œuvres comme EMPEREUR (Atlas V, Achievement prize 2023) ou SONGS FOR A PASSERBY (Celine Daemen, Grand Prix 2023), LA MAGIE OPÉRA incarne une voie médiane, ni documentaire, ni fiction pure, mais spectacle patrimonial augmenté.

La légitimation critique, ici, vaut autant que l’expérience elle-même : c’est l’exposition, le contexte et le label qui font œuvre. Et c’est peut-être là que réside la véritable “magie” du titre : dans cette alchimie entre art, industrie et institution où la VR devient le miroir d’un prestige collectif.

Conclusion

LA MAGIE OPÉRA fascine par la précision de sa mise en scène et la maîtrise de son dispositif. Mais son importance tient moins à sa virtuosité visuelle qu’à ce qu’elle révèle d’un moment : celui où la réalité virtuelle cesse d’être un laboratoire pour devenir un langage de représentation du pouvoir culturel. Chez BackLight, la technologie n’est plus l’enjeu, mais le médium d’un récit national : celui d’une France qui continue à se rêver à l’avant-garde, même quand elle met en scène son propre passé.

La VR, ici, n’invite pas à franchir le miroir, elle le polit avec soin.

In this article


PALAIS GARNIER, LA MAGIE OPÉRA

Publication:

novembre 3, 2025

Author:


Catherine Ertzscheid
XR Magazine (FR)

–

Creative

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