L’immersif voit-il les formats cinématographiques revenir à la mode ? Alors que toutes les expériences location based ont le vent en poupe, et consolident leur place sur le marché, la vidéo semblait moins attrayante, entre difficultés d’accès au store, et mainmise des moteurs de temps réel sur les productions. L’Apple Vision Pro, avec sa haute définition et une stratégie du divertissement individuel (en devenir côté audience), stimule à nouveau l’intérêt du monde de l’audiovisuel. En France, le réalisateur Frank-David Cohen et la productrice Sixtine Rose sont associés au sein d’Immersive Flashback, nouvelle structure de production résolument tournée vers les nouveaux casques, que ce soit en documentaire ou en fiction.
Ils s’intéressent aussi à l’Apple Vision Pro: TARGO, Tom Krikorian, Jake Oleson.
Cover: HORS DU TEMPS, réal. Frank-David Cohen
Se lancer dans l’aventure XR : Immersive Flashback
Frank-David Cohen – J’ai un passé en tant qu’ingénieur, et j’ai participé à la création de plusieurs startups – notamment dans le scolaire avec Klassroom. Cette activité professionnelle m’a permis d’entretenir ma passion pour le cinéma, de réaliser ou monter des productions personnelles – ou de m’associer à des projets liés au monde audiovisuel, en travaillant par exemple au sein de La Petite Reine aux côtés de Thomas Langmann.
F-D C. – Par ricochet, dès 2017 j’ai découvert la création immersive, la vidéo 360 et le format film à 180 degré, aujourd’hui plébiscité par Apple. C’est un format qui m’a séduit très vite pour sa capacité à être plus réaliste. Je me suis progressivement professionnalisé, en suivant une industrie immersive qui grandissait. Les caméras professionnelles sont arrivées, après des années de stitching et de débrouille, les logiciels de montage se sont adaptés… L’arrivée de l’Apple Vision Pro m’a prouvé qu’Apple avait de vraies intentions, avec des investissements lourds (notamment pour être accompagné d’une caméra dédiée, la Blackmagic URSA Ciné Immersive). C’est comme cela qu’on s’est spécialisé sur ce format, et pour ce type de casque.
Sixtine Rose – Pour ma part, je viens du monde de la communication et de la politique, notamment via Prisma Media ou Richard Attias & Associates. Je suis aussi passé par la case startup. Et dans la démarche suivante de trouver un nouveau projet, j’ai découvert le travail de Frank-David en parallèle de l’annonce de l’Apple Vision Pro. Nous avons lancé Immersive Flashback autour d’opportunités de contenus à réaliser : au MIDEM pour une application musicale, un film de fiction, des documentaires…
Les films pour l’Apple Vision Pro, un nouveau langage immersif
F-D C. – Se lancer dans la production de contenus pour l’Apple Vision Pro, c’est aujourd’hui une vraie démarche de cinéma. On revient à une idée de tournage, d’acteurs, de réel mais en réinventant les codes de réalisation. Il faut trouver le bon vocabulaire, car il n’existait pas jusqu’à récemment ! On découvre de nouveaux cas d’usage pour ce médium à 180 degrés.
S. R. – En production et en réalisation, c’est un genre nouveau. Il y a par ailleurs une dimension technologique indéniable qui s’y superpose, qui nécessite, en plus de l’artistique, cette compréhension. Nous avons dû trouver notre propre manière de fonctionner dans ce nouveau contexte.
F-D C. – L’immersif, par nature, c’est technique. Il faut comprendre les contraintes pour tourner en relief, être proche de l’action… et même ajouter des logos ou un générique n’est pas si simple ! C’est dans ce contexte qu’il faut garder un regard artistique avant tout. J’ai regardé évidemment ce qui existait, et c’est très intéressant de voir les créateurs s’approprier le médium, tester, découvrir.
F-D C. – Nous héritons en partie de tout ce qu’on a pu apprendre de la VR… et on défriche un terrain inconnu aussi. La compréhension de la narration pour le 180 degrés prend du temps ; on peut arriver avec quelques éléments de réponse issus de la réalisation de contenus 360, et en même temps il faut désapprendre certaines choses. Faire la lumière aussi sur ce qui ne peut pas marcher pour ses formats, pour ne pas tomber dans des pièges comme par exemple les mouvements qui en immersif peuvent donner la nausée au spectateur. C’est un travail d’introspection. Pour ma part, c’est une démarche qui va avec l’envie de proposer des contenus bien plus accessibles, qui parlent à tout le monde. Et ne pas laisser le médium se refermer sur lui-même. Il y a eu une énorme courbe d’apprentissage pour tous les réalisateurs immersifs depuis 8 ans ; il faut que cela continue maintenant en s’ouvrant à plus de monde.
F-D C. – Les expériences VR sont perçues comme très intéressantes, à la fois dans les musées, les salles d’arcade ou en ligne – avec de vraies réussites artistiques. Mais ça n’a pas suffit jusque là à faire de la VR une révolution. Avec l’immersif; c’est du réel et c’est bluffant. C’est LA différence ! On téléporte directement le spectateur dans une scène.
S. R. – C’est le sens de nos premiers projets, comme celui de filmer un concert ou le défilé du 14 juillet. On rend l’inaccessible accessible.
Vers une nouvelle expérience cinéma ?
F-D C. – Pour les passionnés de l’immersif, le format 360 est intéressant parce qu’il offre une liberté totale. Mais il apporte beaucoup de contraintes en termes de production pour un avantage finalement limité parce que le grand public ne se retourne quasiment pas pour regarder ce qui se passe derrière. 80% des gens ne se retournent pas !. Et pour nous, filmer du 180, en relief correspond à notre champ de vision naturel et nous permet de tourner avec du matériel de cinéma derrière la caméra vidéo 360 reste possible sur Apple, même si le fichier final n’est plus un format Apple natif. Apple a fait le choix du 180 pour sa simplicité à la fois en production et l’enthousiasme qu’il déclenche en diffusion..
S. R. – Comme pour la VR, il faut mettre le casque sur la tête. Les retours publics ou même nos clients sont assez immédiats et très enthousiastes; on voit véritablement l’intérêt de pouvoir immerger le public dans nos histoires. Ou même des usages professionnels. La qualité permise par Apple Immersive Video et notamment la très haute résolution n’est pas juste une considération de technophiles, cela aide réellement à convaincre..
F-D C. – L’acculturation se fait aussi auprès des artistes et collaborateurs impliqués sur nos projets. Pour le concert de Kyo, nous avons commencé par montrer des films sur l’Apple Vision Pro à toute leur équipe ! Il faut que les personnalités impliquées sur nos tournages comprennent bien la puissance du format et sa logique. Car ensuite, notre présence se fait au cœur du dispositif, très proche du groupe, avec une forme d’intimité parfois. Il est donc nécessaire d’être “accepté” au préalable.
S. R. – C’est grâce à cette démarche que nous avons pu être très près d’eux, même en backstage, à des moments uniques. La préparation en elle-même relève d’un tournage traditionnel. Sauf que Frank-David a souvent son Apple Vision Pro sur la tête pour poser son cadre, etc. A cet effet, nous avons développé avec notre CTO Florent Morin un logiciel spécifique pour faire ce type de monitoring avec un retour en direct, et déterminer ce qui est dans le champ ou non, etc. Finalement, il y a encore beaucoup d’humains dans tous ces processus.
Apple Vision Pro, un futur ?
F-D C. – Le set up actuel de l’Apple Vision Pro rend les présentations au public assez complexes (il faut paramétrer le casque pour chaque spectateur, ndlr). Une évolution sur ce point serait bénéfique. Je ne pense pas que l’AVP deviendra un produit grand public à court terme. En revanche, l’arrivée de lunettes légères connectées avec écran AR Apple – tout comme AndroidXR ou Meta / Rayban – sera bien plus facile à adopter par le grand public puisque 7 personnes sur 10 portent des lunettes. Le choix d’une lunette connectée légère ne bousculera donc pas fondamentalement les habitudes. Une fois que le grand public aura l’habitude de voir s’afficher des informations plus ou moins complexes sur ses lunettes, il sera beaucoup plus envisageable pour lui d’acheter un casque pour la maison ou le travail afin d’avoir plus de confort. Un peu comme un ordinateur portable est parfait pour regarder un film dans le train mais on privilégie le grand écran plat à la maison pour plus de confort.. En attendant, on prévoit quand même de présenter nos projets à des spectateurs lors de séances spécifiques où les devices viennent aux gens puisqu’ils ne sont pas encore massivement équipés..
Immersive Flashback – Line-Up
Titre : HORS DU TEMPS
Durée : 25 minutes
Réalisateur : Frank-David Cohen
Synopsis : Ce documentaire immersif s’adresse autant : aux fans de la première heure, qui ont grandi avec Dernière danse, Le Chemin ou Je cours, qu’aux curieux d’aujourd’hui, en quête d’expériences nouvelles et sensorielles.
KYO est de retour, et pas comme vous les avez connus. Ici, pas de nostalgie figée : juste un shoot d’émotion, ultra-contemporain, techno-poétique, à mi-chemin entre live exclusif et rêve éveillé.
À mi-chemin entre documentaire de tournée, capsule émotionnelle et œuvre immersive… c’est un nouveau format à part entière.
Titre : UN 14 JUILLET AVEC LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Durée : 8 minutes
Réalisateur : Frank-David Cohen
Synopsis : Pour la toute première fois, un chef d’État embarque à ses côtés une caméra immersive et partage avec le plus grand monde une expérience sans précédent.
Cette année, en exclusivité, les visiteurs du Palais de l’Elysée sont invités à vivre le défilé du 14 juillet avec le Président de la République grâce à un film immersif à 180 degrés.
Du bureau du chef de l’Etat à la tribune officielle, en passant par la descente des Champs-Élysées à bord du Command car, le spectateur assiste, dans une proximité inédite, aux temps forts du défilé grâce à une technologie de pointe.
Ce film est réalisé par Immersive Flashback, jeune entreprise française innovante fondée en janvier 2025 par Frank-David Cohen et Sixtine Rose, qui s’impose déjà comme un acteur majeur de la création immersive. Ce savoir-faire 100 % français offre une qualité d’image et de son unique.
Un dispositif exceptionnel, à la croisée de la technologie, du patrimoine et de l’Histoire, pour permettre à chacun de vivre le 14 juillet au plus près du Président de la République, comme jamais auparavant.
Découvrez cette expérience hors du commun, accessible gratuitement à partir du 23 septembre à la Maison Elysée, au 88 rue du Faubourg Saint-Honoré.
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