Basés à Barcelone, la française Cathline Smoos et son équipe ont développé une application de contenus érotiques pour la réalité virtuelle. Au-delà du concept proposé, IMBUE VR est une application de contenus pour adultes qui explore l’intimité et la sexualité des couples. Une approche peu évidente dans un secteur régulièrement assimilé à la pornographie, alors que l’exploration sensorielle peu aussi exister à côté.
An interview in partnership with XR4Europe
IMBUE VR, une application d’expériences immersives pour adultes
Cathline Smoos – Nous sommes des créateurs de contenus érotiques (pour les couples) qui mélangent le réel et le virtuel, autour des sens : toucher, odorat, vue… L’objectif est de casser la routine dans la sexualité des couples grâce à la réalité virtuelle, avec IMBUE VR, de renouveler leur imaginaire érotique et sensuel en fournissant des contenus dédiés. L’un des partenaires porte un casque, l’autre non et ils peuvent interagir ainsi à travers nos histoires.
C. S. – IMBUE VR fonctionne sur abonnement (mensuel, trimestre…). On sélectionne sur son smartphone, via l’application, un des chapitres disponibles. Nous fournissons alors une liste des « outils » indispensables pour vivre l’expérience: un ventilateur, des fraises etc. Ce sont des choses simples, mais nécessaires pour installer le décor de ce que vous allez vivre. Il y a aussi un mini-tutoriel dans le casque au démarrage. Il y a une vraie narration, qui guide mutuellement des deux côtés les partenaires. L’idée est de favoriser la synchronisation de leurs actions (une main sur l’épaule…) pour favoriser l’aspect multi-sensorielle. Et cela doit rester un jeu, un vrai moment à deux et pas une expérience technique.
C. S. – Aujourd’hui c’est une expérience synchronisée à deux, et c’est une obligation qui nous permet de fournir des histoires via l’application qui soient intéressantes et surtout facilement accessibles pour les utilisateurs. Outre des accessoires, on peut y intégrer des films 360 pour réveiller des fantasmes, des idées. On revient souvent à des choses très simples, mais passionnantes pour chacun des utilisateurs.
C. S. – Il y a une approche culturelle évidente, en fonctionnant par territoire s’il le faut. On veut aussi enrichir l’application avec des contenus LGBT+, avec des concepteurs spécialistes de chaque sujet. On travaille avec des sexologues et des équipes dédiées selon les genres, pays… C’est impératif d’adapter nos propositions selon les cultures. On se développe progressivement, à partir de l’Europe et vers les autres parties du monde. Notamment sur la question du corps ; si on propose des films VR en animation ou en 360, les perceptions sont différentes. Il y a une approche sociologique très importante.
L’érotisme en réalité virtuelle : une évidence ?
C. S. – Le choix de la réalité virtuelle, c’est proposer un environnement sécurisé car ça n’est pas la réalité. Ça peut être une première étape avant d’aller explorer de nouvelles choses 100% dans la vraie vie, pour se tester ou initier quelque chose. De plus, tu peux envisager des scénarios bien plus nombreux que dans le réel ; faire l’amour dans l’espace, avec des personnages, etc. On veut proposer de nouveaux rapports à soi, qu’il s’agisse d’environnements ou des corps physiques. On ne remplace pas la sexualité de chacun : on ajoute une couche supplémentaire de préliminaires, d’interactions sans aller jusqu’au 100% technologique (combinaison haptique…) qui dénaturerait totalement le moment.
C. S. – La VR, c’est déjà un marché pour certains types de contenus adultes, là où l’AR, la MR n’existent pas sur ce secteur. Évidemment on envisage d’utiliser tous les supports, mais la première version d’IMBUE VR sera totalement VR. Et côté sextech, il y a peu de concurrence au final – sauf à envisager des utilisations solo, porno… Avec ces paramètres, il faut avant tout que notre proposition soit “premium”, en proposant une expérience de qualité supérieure pour immerger totalement les utilisateurs.
Où développer IMBUE VR
C. S. – Le metaverse, c’est intéressant mais finalement pas notre priorité. On reste ancré sur le réel avant tout ! Et il faudrait l’envisager, par principe, pour des utilisations à distance, totalement déconnectées du physique. Pour tous ces développements, il faut bien considérer que la sextech est un secteur très fermé, peu accessible aux aides ou subventions, aux levées de fonds, et par nature fragile. Côté hardware, personne ne s’y aventure. Alors qu’il y a des choses formidables à envisager, avec des possibilités de narration érotique, personnelle, assez importantes.
C. S. – On assiste à un vrai intérêt des gens qui possèdent des casques ; la seule question est de pouvoir proposer un rendez-vous régulier. On voit bien que les générations +30 ans sont lassées du porno et recherchent de nouvelles expériences. C’est pour cela qu’on favorise le physique, l’intime avant tout. On peut tromper le cerveau grâce à la VR, qu’il s’agisse de notre proposition ou d’autres expériences grand public.
C. S. – On propose déjà des partenariats avec des marques (surtout érotiques), pour intégrer leurs produits dans l’expérience ou collaborer sur des promotions communes. Mais on ne se limite pas aux marques de la sextech, et il y a beaucoup d’idées de développement à imaginer pour des sessions permettant à nos clients d’obtenir des cadeaux, des produits et là-aussi un gain réel avec IMBUE VR.
Disponible dès décembre 2022 !
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