Au sein du Virtuality Web3 Summit 2023 à Paris, le spécialiste de la numérisation 3D et de la valorisation de monuments historiques à travers les nouvelles technologies, Art Graphique & Patrimoine invitait à découvrir ses expériences immersives réalisées pour différents sites en France, comme l’ escape game historique VR pour le château de Bourdeilles ou la visite augmentée de Perpignan.
Quel était le chemin vers vos projets immersifs ?
La société a été fondée il y a 30 ans par l’actuel président, Gaël Hamon, tailleur de pierre appareilleur opérant dans la restauration des monuments historiques. Sa curiosité et ses recherches dans le domaine des technologies numériques et plus particulièrement les technologies d’acquisition des données 3D – et de leur apport pour les métiers traditionnels de la restauration et du relevé des monuments historiques – ont été le point de départ pour Art Graphique & Patrimoine (AGP).
Le cœur de métier de la société a toujours été la numérisation 3D et le relevé des sites, des monuments et des œuvres d’art, mais depuis les années 2000 AGP a fait ses premiers pas dans la valorisation, en s’apercevant de l’intérêt de l’image 3D pour raconter l’histoire des sites, reconstruire les vestiges, ou le patrimoine qui a évolué dans le temps, les traces du passé qui ne sont plus visibles aujourd’hui.
Un des premiers projets de ce type était le film de reconstitution 3D du Fort de la Conchée à Saint-Malo (vidéo), en 2003 : les infographistes d’Art Graphique & Patrimoine avaient retracé en images de synthèse l’histoire de cette forteresse chef d’œuvre de Vauban au 17ème siècle, avec tous les équipements de guerre et des personnages animés, pour la ville de Saint Malo.
Mais le vrai tournant a été l’expérience lancé avec Cap Digital, en 2009, autour du cabinet de Charles V au château de Vincennes : un prototype d’application pour tablette tactile qui permettait de reconstruire les décors disparus du 14ème siècle. C’était la première expérience en réalité augmentée appliquée à la valorisation du patrimoine en France. Une belle innovation pour le secteur, une pierre milliaire pour les nombreuses expériences qui se font encore aujourd’hui sur ce même concept !
Aujourd’hui, AGP a une quarantaine d’applications de ce type-là, à l’échelle d’un monument ou d’un territoire (dont une pour l’abbaye de Jumièges, récompensée par le World Summit Award en 2013 – voir le teaser). Depuis, la cellule R&D d’AGP ne cesse d’expérimenter les technologies les plus innovantes, en 2016 l’arrivée des premiers casques VR nous a donné l’opportunité de nous mettre à l’épreuve avec la réalité virtuelle immersive (Musée virtuel®, Escape game…).
Qui sont vos clients principaux ?
Beaucoup d’acteurs publics, les institutions culturelles en général, les musées, les villes, les collectivités, les gestionnaires du patrimoine, les DRAC, mais aussi les architectes du patrimoine, les ACMH. Nous sommes prestataires de services autant dans le domaine technique que dans le secteur de la valorisation pour le grand public. Nous mettons nos savoir-faire par exemple au service d’un musée qui souhaite numériser sa collection d’œuvres d’art pour l’archivage numérique ou bien pour faire découvrir au grand public les moindres détails d’un objet via une application pour borne tactile. En revanche, dans le cadre des dispositifs immersifs au sens strict, les modèles économiques et les modes d’exploitation sont encore difficiles à trouver pour les institutions, qui cherchent alors plus souvent des partenaires prêts à investir ou avec lesquels partager les risques de la mise à disposition au public.
AGP travaille également avec des marques de luxe. Ayant été partenaires de Dior dans le cadre du projet pour sa Galerie à l’avenue Montaigne à Paris, nous avions numérisé en 3D certains objets iconiques pour la Maison.
Quels sont les buts de projets d’AGP ?
Les objectifs peuvent être très variés, de la vulgarisation scientifique, à la médiation culturelle et à ce que nous appelons de l’edutainment, buts ludo-éducatifs. Il peut y avoir des dispositifs numériques qui deviennent des « produits d’appel » à destination d’un site à vocation culturelle et touristique.
Pour vous donner un exemple : le château des Comtes du Perche à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir – lien). A l’occasion de sa réouverture après travaux de rénovation du parcours muséal, la ville a fait appel à AGP pour le développement d’une application de visite augmentée et virtuelle. Elle permet de découvrir le château tel qu’il a évolué dans le temps à l’aide des tablettes tactiles et casques VR et aux reconstitutions 3D. L’application leur a permis un vrai lancement en communication dès la réouverture, en misant sur la nouveauté et sur la refonte du parcours de visite, avec une attention particulière aux familles avec enfants (grâce à une version de l’application destinée aux jeunes enfants), mais aussi d’attirer dorénavant les jeunes publics, à l’affût d’expériences innovantes.
Autre exemple, proposer une nouvelle dynamique au parcours de visite, faire connaitre l’histoire d’un site avec des dispositifs proches de jeux vidéos, du teambuilding. En 2017, AGP a développé le premier escape game historique en réalité virtuelle dans le château de Bourdeilles, en Dordogne (lien). Grâce à cette expérience, vêtus d’un casque VR et en groupe de 4 à la fois, on incarne un personnage revivant les évènements historiques qui se sont déroulés dans le château, on se retrouve immergés dans un univers reconstruit en 3D. C’est une façon de faire voyager les visiteurs dans le temps, de manière ludique et très interactive. Ainsi, on s’adresse non seulement aux passionnés de l’histoire, mais on crée une expérience de vie dans les décors du passé, à partager entre copains ou en famille.
Un mot sur des projets à venir
Le projet à venir ? Celui pour la valorisation du chantier de reconstruction de la flèche Saint Denis (basilique Saint Denis), qui durera jusqu’à 2028. AGP y pilote tous les projets numériques, y compris des volets de médiation pour raconter le chantier aux visiteurs, attirer du monde sur le site et afin de faire découvrir des métiers traditionnels de reconstruction. Il va y avoir plusieurs animations, voire une expérience en réalité virtuelle et très probablement la vente de NFT.