Culture 360 est une association basée en région parisienne qui développe plusieurs initiatives autour de la production et de la diffusion de contenus en réalité virtuelle. Lauréate (avec PXN) d’un appel à projets du CNC, c’est désormais un bus équipé d’une quinzaine de casques VR qui circule sur le territoire de l’agglomération Grand Paris Sud, à 25 km de Paris.. Une initiative de diffusion locale qui vient proposer à un public de proximité le meilleur de la production française.
La réalité virtuelle : un format citoyen
Elie Séonnet – L’association Culture 360 est la petite sœur de la société de production BKE qui existe depuis plus de 15 ans. Au sein de BKE, nous avons produit du documentaire, du clip, des films institutionnels… Et lors du Sunny Side of the Doc (pas encore PiXii à l’époque) de La Rochelle j’ai commencé à m’intéresser à ces nouveaux formats et à la réalité virtuelle. On s’est rapidement mis en capacité de tester des choses en VR, parce que nos projets sont souvent participatifs, voire citoyens (avec des habitants d’un quartier, par ex), et que ça faisait sens de proposer aussi des histoires plus immersives. Dans nos discussions avec nos publics, on a vite vu l’intérêt pour le format. Et pour tout type de public ! C’est comme ça que nous avons décidé de créer l’association Culture 360, avec la volonté de faire découvrir la VR au plus grand nombre.
E. S. – Qui plus est, nous nous sommes vite rendus compte que des films magnifiques étaient produits mais restaient relativement inaccessibles pour une grosse partie du public. Si on veut en voir, il faut se rendre dans certaines salles très spécifiques…. Les contenus narratifs restent relativement invisibles.
E. S. – A l’origine il s’agissait de tester des choses avec des formats innovants. On était loin de penser que nous lancerions un bus avec des casques ! La VR, c’est une autre façon d’interagir avec le public – par rapport à nos films traditionnels. Le rapport au lieu, aux espaces, est aussi différent : on sort du « cadre ». Nous travaillons principalement, pour l’instant, avec des publics de quartier autour de la mémoire. On sollicite donc les habitants pour tourner des films 360, avec parfois des drones par exemple. Et les retours sont super ! Nous sommes par exemple basés à Évry-Courcouronnes, et nous avons réalisé une série de films 360 qui parlent du quartier où nous sommes installés et qui va être presque entièrement rasé..
E. S. – Toute cette initiative, c’est aussi l’ADN des projets que l’on porte depuis une quinzaine d’années avec BKE. Nous venons du monde des télévisions locales, du dialogue avec le public au niveau local. C’est quelque chose qui perdure, et ce moyen de diffusion pour la réalité virtuelle est avant tout la possibilité d’aller chercher les spectateurs. On se rend compte que la VR intéresse tout le monde. On a produit un film en réalité virtuelle de 20 minutes sur un quartier de Salon-de-Provence, et tout le monde l’a vu : les jeunes, les vieux… Avec la VR, on s’éloigne du concept de séance unique, avec une proposition moins institutionnelle. C’est la possibilité de proposer des visionnages à un rythme différent, avec un accompagnement spécifique. On discute avant et après, c’est très important.
Pérenniser la circulation des oeuvres immersives : le VR Bus
E. S. – A chaque fois qu’on voulait montrer nos films, il fallait emprunter des casques, des fauteuils, s’installer provisoirement sur un bout de trottoir avec un kakémono… Mais c’était peu valorisant. A côté, les grosses productions en réalité virtuelle – restant en festivals – n’arrivaient pas dans ces quartiers. Sans vouloir en faire une intention commerciale, on a essayé de trouver une solution pour résoudre ces problématiques. Et montrer des films ! On a pensé container, camion.. C’est le bus qui s’est avéré la meilleure option. On a eu du mal à trouver un modèle économique, mais l’idée d’un « VR Bus » s’est imposée pour des raisons logistiques.
E. S. – Le projet s’est confirmé le jour où nous avons obtenu le label Micro folie porté par la Villette et le Ministère de la Culture. Grâce à cela, et ce premier financement par la Préfecture de région, nous avons pu nous lancer, accumuler des financements par les villes et les entités locales (notamment pour recruter). Pour moi, ce bus est une salle de cinéma itinérante. Le concept est identique, le matériel différent. En tant que Micro Folie, nous avons aussi accès à un catalogue (réduit, certes) d’œuvres. Le VR Bus a été lancé en février 2022, et un des premiers films proposés était DANS LA PEAU DE THOMAS PESQUET, produit par la 25e Heure. Nous avons aussi accès au musée numérique des Micro folies, ce qui peut nous permettre de créer des ponts entre différentes propositions et formats.
Créer le dialogue avec le public
E. S. – La modération est clé dans le projet. Évidemment, ça n’est pas toujours évident Mais on veut travailler avec le monde scolaire, les maisons de quartier, les milieux associatifs pour avoir des créneaux plus adaptés, avec un accompagnement total. On ne veut pas se limiter à une simple diffusion.
E. S. – Aujourd’hui le VR Bus est un véhicule de 12 mètres de long, équipé de 14 casques Quest 2 (mais aussi un vidéo-projecteur !), avec une possibilité de diffusion à distance pour des projections collectives ou individuelles. On peut ainsi moduler les choses (voir enlever tous les fauteuils) Le côté collectif est passionnant, on a eu des scènes avec du jeune public, ou des familles, où chacun réagissait différemment. C’est très fort ! On a aussi 2 médiateurs et 1 service civique, avec du renfort le cas échéant. Le VR Bus est totalement gratuit pour le public ; notre programmation se fait en partenariat avec les agglomérations qui nous accueillent, ou les médiathèques, les maisons de quartier etc. Mais on peut aussi se promener librement, si on veut.
E. S. – On veut rester ouvert à toute proposition – et pourquoi pas sortir du département, aller à la rencontre des villes, festivals… Comme société de production, nous allons aussi associer nos productions VR au Bus. On est partenaire avec PXN, avec qui nous avons gagné un appel à projets du CNC autour de projets de diffusion culturelle pour les 12-25 ans (lien). On va organiser des événements ensemble pour faire découvrir ces contenus de nouvelles expériences numériques au sens large.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.