En 2023 le Sunny Side of the Doc – l’un des rendez-vous essentiels du documentaire au niveau mondial – continue à accompagner les nouveaux formats et l’immersif, mais dans une nouvelle approche. Séparant le professionnel du grand public, ce sont bien 2 rendez-vous qui sont proposés cette année. Détails de cette nouvelle approche avec Maïté Labat, la nouvelle programmatrice en charge de l’innovation et des expériences numériques pour l’événement.
Cover: THE ISLAND OF SHELLS (Taiwan)
Sunny Side of the Doc, un renouveau 2023
Maïté Labat – Je suis issue du monde des musées et des établissements culturels, notamment le Château de Versailles puis le Musée du Louvre. J’ai travaillé pendant plus de 12 ans sur les enjeux de développement numérique et notamment des projets innovants (réalité augmentée ou virtuelle, écritures non linéaires ou des projets universitaires). J’accompagne depuis fin 2022 le développement de la partie innovation au sein du Sunny Side of the Doc, ce qui comprend bien entendu le festival PiXii. Ce dernier bénéficiera dès 2023 d’une totale indépendance avec un festival grand public dédié du 19 au 22 octobre.
M. L. – Le Sunny Side reste très impliqué sur les nouvelles écritures et narrations, et cela reste un élément important dont nous renforçons la présence au sein du marché cette année. Notre volonté est de continuer à découvrir de nouvelles formes documentaires rattachées au patrimoine et à la culture, avec les enjeux internationaux que cela implique : le rôle des institutions, la coproduction, les œuvres à impact, la distribution… Parmi nos premiers invités, on retrouve :
- Le Musée d’Orsay avec Agnès Abastado, Cheffe du service du développement numérique, adjointe la Directrice du numérique et Saskia Bakhuys, Responsable des productions audiovisuelles et numériques,
- Le Nikolaj Kunsthal avec Helene Nyborg Bay, Directrice artistique
- Le Musée national des arts asiatiques avec Guimet Sophie Maire, Responsable des tournages et de la valorisation institutionnelle ,
- The Metropolitan Museum of Art, NY avec Nina Diamond, Productrice exécutive, direction du numérique,
- Le Museo del Prado avec Bernardo Pajares Duro, Responsable de la communication digitale,
- Le Château de Versailles avec Nejma Zegaoula, Cheffe de projets audiovisuels & autrice, et Agathe Renault Cheffe de projets développement des partenariats internationaux,
- Le réseau Paris Musées avec Scarlett Greco, Cheffe du service numérique.
M. L. – Intégrer ces discussions immersives au sein du Sunny Side of the Doc, encore plus que les années précédentes, c’est favoriser la discussion entre ces institutions et les producteurs, les créateurs. Et cela passe en premier lieu par des conférences et des masterclass (notamment autour de NOIRE, projet présenté au Centre Pompidou et pitché il y a 2 ans à la Rochelle). Nous développons aussi nos partenariats avec d’autres festivals documentaires comme le CPH:DOX, en faisant venir un des projets passés par le CPH:Lab cette année, ZEDNA. L’objectif est de les aider à produire le projet, trouver des partenaires, dans le cadre d’un marché comme le Sunny Side qui est là pour accompagner sur la coproduction documentaire.
M. L. – Notre deuxième axe est l’Innovative Studio, un nouvel espace qui accueillera toutes les sessions sera donc au cœur du Sunny Side, et y présentera des projets en développement du monde entier – XR ou plus largement interactive, voir même un jeu vidéo avec ARTE et une carte blanche à Xn Québec. On y “poussera les murs” avec des expériences inspirantes qui ne sont pas totalement documentaires, comme FROM THE MAIN SQUARE.
M. L. – Enfin, le troisième pilier de notre programmation se concentre autour de moments d’échanges, notamment sur un un networking “Culture et Innovation” pour que des studios créatifs puissent rencontrer des institutions, voir des producteurs linéaires… On souhaite mélanger tous les accrédités, et ne pas isoler la XR dans son coin. Dans le même sens, nous n’avons pas de session de pitchs dédiés cette année, mais les projets reçus ont été discutés à égal avec les projets linéaires… sans parvenir à être en sélection. On étudie notre approche sur ces pitchs pour 2024.
Quelques points de programmation :
- Case study XR : LES PIEDS EN HAUT (lien)
- Masterclass : From Doc to Immersion
- Case study XR : ZEDNA (voir notre interview)
- Conference : XR & Business Models
- Case study XR : THE ISLAND OF SHELLS (lien)
- Masterclass : NOIRE (COLORED)
- Conference : XR & Audiences
- Conference : Museums & Immersion
- Conference : XR & Impact
- Case study XR: LA VRAIE VIE
Quel est le marché XR dédié au patrimoine ?
M. L. – Les institutions culturelles et patrimoniales doivent conjuguer leur volonté d’innovation, et leur budget. Elles se sont intéressées depuis longtemps à ces enjeux innovants, et en ont besoin. Venir à des rendez-vous comme le Sunny Side, ou d’autres festivals, est nécessaire pour qu’elles puissent s’acculturer aux nouveaux formats. Cette année nous aurons une session de 2h où les institutions invitées pourront présenter des études de cas, leur approche au public, etc. Il y a un champ d’action formidable, et j’espère que notre rendez-vous de la Rochelle comptera parmi les points d’échanges importants.
M. L. – Une des tendances fortes aujourd’hui, sans surprise, c’est l’audio et le podcast. Y compris pour faire patienter les visiteurs avant, ou les intéresser pendant une exposition. La réalité augmentée est également bien reçue au sein des établissements culturels. La réalité virtuelle est plus complexe à maîtriser, notamment pour des questions de médiation ou de budget. Plus généralement, les expérimentations actuelles ne favorisent pas réellement une technologie ou une autre. Chacune a sa chance, et surtout les approches sont souvent multiples.
M. L. – On voit aussi un dynamisme réellement international, et ça se retranscrit directement via les délégations que l’on reçoit. L’Asie est un territoire fascinant, avec beaucoup de discussions et d’énergie pour faire venir des expositions immersives. L’Afrique aussi nous intéresse.
PiXii Festival, un envol en toute indépendance
M. L. – Le PiXii Festival est une vraie ouverture au grand public, avec de la XR, de l’interactif mais aussi des webtoons, de l’audio etc. L’accueil de la part des professionnels est très favorable, car c’est une chance de toucher un public réel à la Rochelle,dans son agglomération et même au-delà. A travers cette nouvelle initiative, on espère changer les regards et continuer à démocratiser ces nouveaux formats. Des séances scolaires sont prévues, des ateliers en médiathèques ou dans des centres socioculturels… pour mieux parler d’éducation à l’image et de numérique responsable.
M. L. – Sans forcément proposer de vrai moment professionnel, nous y organiserons des conférences pour initier des discussions avec le public. Le thème de cette première édition est “les explorations numériques” avec un regard tourné vers les océans et la biodiversité. La sélection se fait en fonction des lieux d’exposition, dans une discussion avec les auteurs et les institutions. Tout en gardant une direction artistique cohérente sur l’ensemble ! Notre objectif est de construire un discours pour initier une approche vers les cultures digitales, tout en résonnant avec le local.
M. L. – La programmation se fait en résonance avec le Sunny Side, même si on n’exclut pas de prendre quelques fictions qui s’inscrivent dans notre thématique. Il est important d’amener un peu d’imaginaire au public dans ces moments-là. PiXii sera un événement sur entrée gratuite, et qui remettra 2 prix (public et étudiant). On démarre sur ces bases, en espérant un succès qui nous permettra de développer ce rendez-vous.
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