Le GIFF revient cette année en mettant une couche de peinture neuve sur un modèle qui a fait ses preuves. Festival et Marché (le Geneva Digital Market) se dérouleront du 4 au 13 novembre prochain dans différents lieux de la ville, et toujours avec une vraie place accordée aux nouvelles écritures avec le programme Territoires virtuels. Tour d’horizon d’une nouvelle édition très complète, avec en tête de gondole l’avant-première européenne d’EVOLVER.
Cover: AMAZING MONSTER!
GIFF 2022 : à la découverte des Territoires virtuels
Anais Emery – Au GIFF, nous présentons l’ensemble de notre programmation à un vrai public – même si nous accueillons aussi des événements professionnels. Et l’immersif s’intègre pleinement dans cette envie de rencontre avec les spectateurs, comprenant des œuvres qui font aussi bien partie d’une Compétition officielle dédiée, mais s’affichent aux côtés des films ou séries dans le Hors-Compétition, Future Is Sensible ou Pulsation. Pour des raisons pratiques, notamment de réservations, nous les présentons autour de parcours thématiques intitulés “Territoires virtuels” – qui font se croiser notre programmation par catégories. Comme les années précédentes, la quasi-intégralité des œuvres immersives sera présentée dans la Maison de quartier de Plainpalais sur 3 étages.
A. E. – Notre objectif est de proposer un vrai espace pour l’immersion ; pour la présentation des œuvres, mais aussi l’accueil du public. Notre volonté de médiation doit tenir compte de ce confort de présentation nécessaire pour dépasser les technologies. A côté de ces espaces “Territoires virtuels”, nous présenterons des événements annexes, avec notamment LES AVEUGLES du collectif INVIVO (dans un lieu dédié), EVOLVER de Marshmallow Laser Feast ou encore EVER’ETT du studio suisse Z1 Studio fondé par Camille de Dieu et Laurent Novac (dans un lieu dédié, de fin septembre à fin novembre). Un dernier espace accueillera l’installation Mondi Morbidi et les courts métrages de la HEAD (école de Genève).
A. E. – L’idée de cette programmation multiple est de montrer ce que ces nouvelles écritures apportent en termes d’innovation, dans leur variété de créations. Les installations sont très importantes pour nous, à côté des contenus. L’aspect immersif n’est pas toujours lié à la technologie ou au format : elle l’est par rapport à une situation. On reste très attentif aux dispositifs LBE pour cela, car ils sont partie intégrante de ces développements immersifs. Par exemple, EVOLVER est un vrai coup de cœur pour nous. Chaque œuvre immersive bénéficie d’une vraie volonté pour la produire puis la présenter. Avec ce projet, c’est une addition de talents inédite : Marshmallow Laser Feast, Atlas V, Terrence Malick, Cate Blanchett, Pressman Film, Jonny Greenwood… et le support d’Orange. Pour notre public, c’est la promesse d’un vrai événement. Nous la présenterons au centre du festival, avec la place nécessaire.
S’emparer de la richesse de la création immersive
Paola Gazzani Marinelli – Il y a une maturité évidente dans les œuvres reçues cette année : que ce soit dans la technique, l’interactivité, la narration… Il y a un beau mélange d’expériences XR dans notre sélection, avec certaines qui se rapprochent des habitudes de l’audiovisuel, et d’autres qui s’en détachent et font de vraies propositions plus expérimentales. Pour autant, c’est une édition où on n’a pas remarqué de thématique dominante. La XR s’intègre dans des récits très personnels, des émotions spécifiques, mais sous des formes très différentes – et aussi quelques propositions plus légères. On a besoin de plus d’œuvres humoristiques, moins sombres.
A. E. – [POSTHUMAN WOMBS] de Anna Fries et Malu Peeters est une œuvre suisse fascinante sur la question des nouvelles identités, de la parentalité. LES AVEUGLES est l’une des plus belles propositions de théâtre immersif que j’ai pu voir. FLAT EARTH VR de Lucas Rizzotto parvient à introduire l’humour de façon totalement décomplexé dans le médium. Ce ne sont que quelques exemples d’une variété des œuvres sélectionnées cette année qui nous rassurent sur la richesse de la VR : il y a de belles histoires, de l’humour, différents styles, des origines géographiques très différentes… C’est vivant ! C’était une grande année de réflexion pour le GIFF, de bilan après 2 années de Covid très difficile. Pour autant, notre expérience sur l’immersif nous a rassuré, et nous proposerons un line-up une nouvelle fois très divers. On souhaite encourager toujours plus de programmation inclusive, notamment sur les origines des œuvres.
P. G. M. – Dans la multitude des propositions reçues, notre travail était aussi de construire une sélection hétérogène dans les formats et les histoires. DIAGNOSIA est un vrai documentaire, EURYDICE, A DESCENT INTO INFINITY une forme plus expérimentale… Il y a un vrai mix de créations qui reflètent la complexité de la XR en 2022. Cela faisait aussi sens de présenter les 5 chapitres de MISSING PICTURES de Clément Deneux, dont le cinquième – OH DEBU avec Naomi Kawaze – en Compétition. La série VR a un tel regard sur le cinéma que c’est idéal de la présenter chez nous. Et nous avions déjà sélectionné le premier chapitre chez nous en 2020.
Le GIFF, un vrai festival pour le public
A. E. – Je considère les œuvres immersives en dialectique avec les autres formats. Quand on regarde l’évolution de ces contenus virtuels, il est intéressant de constater ce qu’ils peuvent apporter de nouveau, d’innovant, de différent. La VR pour moi est la tête chercheuse de l’audiovisuel. On voit du coup arriver de nouveaux artistes, avec des envies différentes, des propositions originales. Et de vraies expériences. C’est ça qui me marque, en dehors du positionnement propre du GIFF. Je veux qu’on puisse avoir, notamment, un rôle à jouer au niveau local – sans se limiter aux frontières politiques. Il faut pouvoir proposer des opportunités concrètes, notamment via le Geneva Digital Market. Et recevoir des feedbacks d’un vrai public, avec la présence des artistes sur place.
P. G. M. – Accueillir des œuvres LBE très ambitieuses comme LES AVEUGLES ou EVOLVER, c’est dans l’ADN du GIFF. Nous l’avons fait très tôt avec ALICE, THE ENEMY ou MECHANICAL SOULS (sur un format plus spécifique). C’est plus de temps à leur accorder, plus de budget à trouver, mais au final pour un résultat particulièrement excitant pour le public.
A. E. – Dans le secteur de la XR, les festivals restent le lieu essentiel de la rencontre entre l’artiste et son public. Cela n’existe plus ensuite sur les plateformes, et rarement pour une présentation LBE. C’est une motivation, et un travail sur la durée pour nous : chaque édition doit imaginer le parcours, la scénographie…
A la rencontre entre décideurs et artistes : le GDM
A. E. – Cette année le GIFF propose à nouveau son marché (le GDM) qui permettra de présenter des projets en devenir avec deux sessions de pitch – dont une purement suisse. Egalement, nous aurons à nouveau une Nuit du Numérique incluant un work-in-progress de AMAZING MONSTER! de Allison Crank et Raphaël Penasa, produit par Jonathan Droz (wowl) en Suisse et Small Creative en France. On veut vraiment favoriser la rencontre entre les artistes, les décideurs (publics, institutions…) sans oublier le public.
A. E. – Pour le GDM, on veut considérer les enjeux concrets de l’audiovisuel d’aujourd’hui, en production et en diffusion. Il faut aussi penser à de la formation continue, en quelque sorte, pour le monde classique de l’audiovisuel face aux innovations du secteur. Mais c’est aussi vrai pour la XR qui doit regarder vers les industries culturelles traditionnelles. Le GIFF à aussi un rôle à jouer concernant la connexion de la Suisse avec la scène internationale. La création XR suisse n’est pas abondante, mais des œuvres de qualité sortent chaque année, parmi les plus innovantes, et des écoles existent ! L’ambition artistique existe ici, et j’espère que le GIFF joue son rôle pour la relayer.
P. G. M. – Je suis contente de voir le paysage des productions XR accueillies, et notamment la diversité des pays représentés. Nous accueillons des projets en pitchs à tout moment de développement, dans l’idée de les exposer au mieux (15 seulement sont présentés). Il y a une vraie journée dédiée à leur présentation, en hybride (virtuel et physique), pour maximiser leur potentiel – notamment avec des 1-to-1 sur site et en ligne. En 2019, nous l’avions fait sur un bateau ! Désormais nous sommes accueillis à HiFlow (lien), un lieu d’incubation lui-aussi dédié à l’innovation. Les conférences seront disponibles à J+1 en ligne pour les accrédités.
A. E. – Le GDM est une plateforme de rencontres, y compris avec les autres secteurs créatifs. On l’utilise de notre côté pour écouter et comprendre les évolutions de chaque industrie, et les accompagner du mieux possible.
GIFF – La sélection XR
International Immersive Works Competition :
- Darkening (see our interview)
- Diagnosia
- The Miracle Basket
- Missing Pictures 5: Oh Debu (see our interview)
- Alienarium
- All Unsaved Progress Will Be Lost (see our interview)
- Midnight Story
- From The Main Square (see our interview)
- Eurydice, A Descent Into Infinity
- In Between Nodes
Out Of Competition :
- Missing Pictures 1: Birds of Prey (see our interview)
- Infomorph
- They Dream in My Bones
- Walking a Turtle
- Missing Pictures 2: The Seven Story Building
- Missing Pictures 3: The Monkey Wrench Gang
- Missing Pictures 4: Father is Gone
- Evolver (see our interview)
- Eggscape
- Disparaître
- Incident
- La Page Blanche
- Ever’Ett
- Earth’s Twin
Future Is Sensible Competition :
Head-Genève en Immersion :
Le GDM – Line-up
XR Coproduction Sessions :
- Kvöldvaka
- Ancestral Secret VR
- Anon VR
- If These Streets Could Talk
- Celui qui respire encore
- Dans Drauganna
- Eyes of Shame
- Mylings A VR Tale
- Sunset Motel
- Locked Up
- Queer Utopia
- Flows
- Grotte
- Rave
- Symbiotic
Swiss Interactive Sessions :
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.