Designer graphique et désormais artiste immersive, Nataliya Velykanova est également fondatrice de Gate22, l’un des premiers musées virtuels français. Un concept qu’elle développe depuis Toulouse où elle réside depuis une dizaine d’années, et qui se développe aussi bien en ligne qu’à travers des actions locales.
En sélection avec son projet INTROSPEXION à Recto VRso 2021, nous nous sommes entretenu avec Nataliya à propos de conception virtuelle, galerie immersive et diffusion des œuvres.
Plus d’informations sur Recto VRso 2021
De la création XR à la diffusion virtuelle
Nataliya Velykanova – J’ai fait des études de Beaux-Arts puis d’architecture en Ukraine où je suis né, à travers en fait un parcours classique. Je suis arrivé à Toulouse pour finir mes études d’architecture, et j’y suis resté. Depuis dix ans je me consacre à la création, d’abord avec un côté très concret, de l’encre de chine, peinture.. Puis j’ai travaillé comme designer graphique, ce qui m’a fait rencontrer par hasard les univers de la création digitale et immersive. Mais la distribution a toujours été une question, qu’il s’agisse de diffuser sur les réseaux sociaux ou en VR. L’idée du Gate22 est venue de mon expérience personnelle.

N. V. – Il existe beaucoup de concepts différents quand on parle de musée virtuel, d’usages et d’habitudes. Et c’était à l’époque très peu connu. Après avoir partagé l’idée j’ai vu l’enthousiasme et l’intérêt d’un tel projet, et j’ai proposé Gate22 à un pré-incubateur toulousain, Le Starter. L’aventure a démarré avec cet accompagnement à l’automne 2019, très utile pour lancer ce type de projet et ne pas rester seule face à l’aventure de l’entreprenariat. La crise de la Covid a changé le projet dans sa finalité, en axant sur un critère de mobilité avant tout.
N. V. – Quand on parle de diffusion culturelle, il faut être créatif. Là où des institutions mettent du temps à se transformer, s’adapter, on propose désormais un format nomade de Gate22 au niveau local. Notre format start-up nous permet cette flexibilité, surtout face à une industrie qui évolue très vite. Enfin le modèle Gate22 s’est aussi développé avec l’idée de rémunérer les artistes plus directement.
Gate22, un portail de diffusion virtuelle
N. V. – Gate22 est un musée d’art numérique en réalité virtuelle. Il est différent des autres, car la médiation est intégrée – et c’est primordial. Notre priorité est de promouvoir l’art numérique auprès du public. Il y a un accompagnement à faire qui nous semble essentiel, dans ce qui reste une expérience à part entière. A mon sens, cette proposition n’existe pas chez les autres musées virtuels (MOR, Dimoda…) où le spectateur est laissé à lui-même. Alors que la VR permet justement de créer un vrai lien, de guider le public ! On scénariste donc tout cela avec un fil conducteur comme pour INTROSPEXION qui n’est que la première partie d’une plus grande exposition.

N. V. – INTROSPEXION est une création interne qui nous sert aussi de démonstration, et nous permet de présenter Gate22 et toutes ses capacités autant au public qu’aux artistes. C’est de l’art plus expérientiel qu’un simple objet, plus proche d’une installation live, sensorielle. Nous proposons aujourd’hui une version pour le Quest qui nous permet d’amener cela aux publics autour de nous, essentiellement au niveau local ; dans les entreprises, les associations etc. Et c’est fascinant, car si la culture est fermée à cause de la crise nous pouvons aller au public. Et là aussi nous privilégions la compréhension de l’environnement, en plaçant le spectateur au cœur d’un vrai cocon virtuel, sorte de préambule à l’expérience. INTROSPEXION va être proposé aux festivals (comme Recto VRso ce printemps où j’ai pu échanger avec d’autres artistes au cours des sessions organisées par le festival) cette année comme une introduction à Gate22, et promouvoir le projet.
N. V. – La réalité virtuelle peut déshumaniser à certains moments, mais je privilégie l’accompagnement avec un vrai médiateur, dans le monde physique. Plutôt que de lâcher le public face au virtuel, nous l’accompagnons dans le monde physique et provoquons l’échange. La réouverture des lieux culturels nous donne l’espoir d’accélérer nos présentations. Notre modèle “Atelier à emporter” est voué à se développer, selon la taille du lieu et le nombre de personnes, en région ou au niveau national. On cherche actuellement les bons contacts pour nous aider.
Et la suite … (à Toulouse et ailleurs)
N. V. – Avec Gate22 on essaie de travailler aussi sur le type de projets qu’on souhaite proposer. On est souvent hors des critères des événements ou festivals qui accueillent des œuvres immersives. C’est une discussion à avoir, car nous ne sommes ni un film, ni une application, ni un jeu vidéo mais une proposition artistique où on associe différentes œuvres dans un seul ensemble. Mais beaucoup de choses se développent, notamment des propositions liées au réel. Rien qu’à Toulouse plusieurs collectifs d’artistes travaillent sur des projets XR très intéressants, comme Corinne Linder et Fheel Concepts (lien).

N. V. – Je viens de démarrer deux nouveaux projets, notamment une co-création entre Gate22 et le SPAMM (the Super Modern Art Museum – lien) avec une expérience en réalité virtuelle et un livre interactif associé à un personnage virtuel sur les réseaux sociaux. Nous voulons parler de nos identités numériques avec le jeune public, dans les bons usages comme les mauvais, pour associer l’artistique au pédagogique. Nous espérons le proposer aux écoles quand ce sera possible. C’est un projet qui peut se déployer sur de nombreux supports, organiser des lives…
Nataliya Velykanova – Et avec La Mêlée (lien), association occitane autour du numérique dont je fais partie, nous espérons proposer prochainement un événement dédié à la création XR – VRJam – dans le cadre de La Mêlée Numérique du 27 septembre au 02 octobre 2021 prochain. On essaie de mettre en avant les talents locaux, qui sont étonnamment nombreux côté production immersive !
Plus d’infos : gate22.net
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