Les studios de production virtuelle (et capture volumétriques ou volcap, mocap…) se développent dans le monde entier avec des installations souvent impressionnantes alliant technologies de pointe et expertise créative. Malgré la pandémie, la France a vu l’apparition de plusieurs d’entre eux, notamment le studio Pure View XR Studio basé à Saint-Denis (93) depuis le début d’année.
Rencontre avec Pierre-Guy di Costanzo, co-fondateur du studio.
Pure View XR, une (grosse) brique technologique
Pierre-Guy Di Costanzo – Avec Thomas Besson on a créé dans un premier temps la société Blue Node qui s’intéresse aux usages de la 3D temps réel au sens large, avec une vocation d’être un laboratoire R&D autour de la création. En développant nos propres outils avant même l’adoption du terme “XR”, nous explorons toutes les possibilités du numérique – aujourd’hui sur le pixel streaming ou du pur digital. Sur le sujet de la captation augmentée nous avons tout d’abord monté un cube de tournage sur Paris pour des tests, et rapidement nous avons compris tout le potentiel que cela pouvait avoir, et là où on allait pouvoir développer de nouvelles “briques” technologiques, de nouvelles technologies. Plus de 20 personnes y ont travaillé, et après six mois Julien Colet nous a rejoint comme 3e partenaire pour lancer le studio Pure View au sein de notre société Virtual Display Services regroupant les deux entités. Notre ADN, c’est surtout notre fonction de recherche sur des sujets évoluant quasiment toutes les semaines. Nous mettons à jour nos outils en temps réel !
P-G. Di C. – Aujourd’hui, outre le plateau à Saint-Denis (380 m2, 8x8x4), nous avons mis en place un dispositif mobile qui nous permet de répondre à de plus en plus de demandes – notamment pour la télévision. On se greffe à des prestataires de broadcast à l’infrastructure plus importante, mais que nous connaissons par cœur puisque ce sont des univers où nous avons travaillé précédemment. On propose des solutions souples, innovantes, avec des étapes pour tous les métiers classiques ; réalisation, image, décor… Les métiers traditionnels nous voient arriver avec de nouvelles contraintes, notamment avec les écrans LED, la synchronisation ou la latence que nous gérons mais qui nécessitent une vraie synchronisation.
Naviguer parmi plusieurs industries créatives
P-G. Di C. – Publicité, télévision ou même corporate qui se développe fortement, ces nouvelles technologies nécessitent de la pédagogie avant tout. Fort heureusement, avec Blue Node côté créatif et Pure View, nous proposons un accompagnement complet au service de la qualité des vidéos et expériences produites. On peut imaginer beaucoup plus de choses, il faut juste savoir intégrer toutes ces innovations ! En plateau, en extérieur, notre expérience valorise la production des contenus produits, et à chaque étape des projets traités. Et chaque secteur a ses demandes propres ; un maximum de possibilités en contenus corporate pour dynamiser des prises de parole, une synergie des efforts en publicité en plus de possibilités créatives infinies, les enjeux de flux en télévision avec des fonds verts… Tout l’avantage de la production virtuelle, sur nos plateaux, c’est de pouvoir travailler l’intégration lumière et décor tout en s’approchant au mieux d’une image finale.
P-G. Di C. – On est sollicité très en amont sur un projet, notamment pour la question des contenus 3D. Donc on a une vision sur l’architecture des projets qu’on accueille, avec un rôle de conseil évident. “C’est quoi le cadre ?” peut nous amener à faire une proposition plus pertinente côté installation technique et évidemment devis budgétaire. On est là pour s’adapter à la taille du projet. Selon les secteurs, on rencontre plus ou moins d’aisance à découvrir nos technologies ; côté clip ou agences c’est souvent sans souci. Sinon nous sommes là pour les emmener dans notre univers de production virtuelle. Les vieilles habitudes de “on verra en post-prod” peuvent changer, et intégrer nos propositions pour gagner du temps et de l’énergie.
Virtual Display Services : une alliance créative et technologique
P-G. Di C. – Blue Node produit quasiment l’intégralité des images qui sont utilisées chez Pure View, même si d’autres studios peuvent nous aider. Ce sont des compétences très spécifiques, quasi exclusivement sous Unreal, et nos équipes ont toujours besoin d’adapter, coder, personnaliser les contenus. Techniquement on maîtrise l’ensemble de la chaîne de création, et le studio est finalisé depuis début 2021. Mais Unreal étant toujours en développement, nous sommes là-aussi toujours en R&D constante pour nous adapter à l’ensemble des possibilités créatives. Et sans compter le côté physique du plateau ; nous avons déjà accueilli des tournages avec de la neige artificielle, des rochers, de l’eau… sur le sol LED.
P-G. Di C. – C’est difficile d’avoir une banque d’images 3D, car chaque projet est vraiment spécifique. Maintenant on a des bases d’images, des ressources extérieures qu’on peut intégrer et modéliser, ce qui peut nous faire gagner du temps. La modélisation est une étape clé pour personnaliser chaque visuel. Et on avance vite ; ce mois-ci on produit 37 décors ! On étoffe l’équipe en conséquence, avec un workflow spécifique.
La production virtuelle, un écosystème en devenir
P-G. Di C. – L’écosystème des studios de production virtuelle grandit en France, avec des studios qui ont chacun leur spécificité – pour certains auprès de prestataires plus traditionnels qui souhaitaient se diversifier face à la crise de la Covid. Nous ne sommes pas les plus grands, mais nous sommes parmi les plus modulables, avec une vraie capacité d’accueil et de confort. On a installé un petit espace sur fond vert pour des plans adjacents, ce qui plaît beaucoup à certaines productions. On a des configurations-clés, stables qui permettent des adaptations sans avoir à tout réinstaller.
P-G. Di C. – Le temps réel et la production virtuelle, nous n’en voyons que le début. Des acteurs de ce secteur existent pourtant depuis longtemps. Epic Games avec Unreal, voir Fortnite, dispose d’un arsenal technologique et financier impressionnant et ne devrait pas s’arrêter de sitôt. Nvidia évolue conjointement avec Epic, il y a là une base hardware et software parfaite qui peut nous emmener très loin. Nos Slacks sont très actifs, et nous leur apportons aussi nos feedbacks pour faire avancer tout le monde en même temps. Les moteurs de temps réel, les cartes graphiques évoluent vite : les prochaines années seront passionnantes. Par exemple, on travaille sur des avatars virtuels pour un projet, c’est absolument fascinant mais les MetaHumans tels qu’envisagé par Unreal sont encore trop embryonnaires pour nous. En 2021, notre R&D a d’autres priorités d’améliorations créatives.
P-G. Di C. – En Europe on a de très beaux studios pour l’immersion. Le plus beau set que je connaisse est celui que Weta a lancé en 2020 avec Avalon Studios and Streamliner à Wellington même (lien). En réalité, toutes ces installations ne sont pas entièrement nouvelles ; on tournait déjà sur fond vert, on créait déjà comme ça avant, dès le début du cinéma – c’est vraiment la modularité qui change tout, et l’apport de la technologie LED qui permet un travail sur la lumière plus grand. Avec les nouveaux studios, ce sont surtout des outils innovants qui nous sont proposés. Pour le cinéma notamment, c’est bluffant. Avec Pure View c’est notre objectif avec notre offre mobile, mais aussi nos matériels sur le plateau. Reste qu’en France nous n’avons pas forcément les productions qui ont le besoin de grosses infrastructures ; les studios comme les nôtres suffisent largement au marché actuel. Et aujourd’hui l’offre peut être rapidement mondiale ; nous recevons des propositions de l’international, notamment des USA qui sont en avance sur le sujet de la production virtuelle. A l’inverse, notre offre mobile va nous permettre de voyager au moins au niveau européen !
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