Pour la 5e édition de PiXii Festival, dédiée aux nouveaux médias, Sunny Side of the Doc à la Rochelle explore de nouveaux horizons dans un format 2021 hybride tourné vers l’avenir : marché professionnel allié à une ouverture au public, conférences en ligne et (on l’espère) présentation bien physique en partenariat avec une série de lieux à travers toute la ville.
Discussion avec Stéphane Malagnac, programmateur du PiXii Festival (19-24 juin 2021), au cœur d’une année tumultueuse où l’événement ressort avec de nombreuses idées – notamment un incubateur à l’année pour les projets immersifs.
Cover: NEW AESTHETICS DISPLAYS by Thomas Cheneseau (France)
PiXii, un festival au cœur d’un festival
Stéphane Malagnac – A l’origine, PiXii a été créé par Sunny Side of the Doc pour répondre à une demande des professionnels – à la fois ceux de l’audiovisuel linéaire en recherche de nouveaux formats à destination des plateformes digitales, et ceux des nouvelles écritures qui souhaitaient participer à l’événement (qui a fêté ses 30 ans en 2019) à la rencontre des acteurs installés de la culture. A Sunny Side of the Doc, on accueille aussi les studios créatifs, les institutions ou musées qui recherchent toujours de nouveaux projets. Très franco-français à son lancement, Pixii est désormais un rendez-vous installé sur la scène mondiale des rencontres immersives.
S. M. – Après une édition 2020 en demi-teinte qui ne répondait que partiellement aux attentes des professionnels, on se devait de revenir avec de nouvelles propositions. L’an dernier notre effort en ligne a été salué par tous, mais nous devions revenir à ce qui fait la force des rencontres bien réelles à la Rochelle, hormis la partie professionnelle (conférences, pitchs..) qui se déroulera en ligne et accueillera des intervenants du monde entier – le tout en anglais. Notre ambition avec PiXii est de sortir des murs et proposer au public l’accès gratuit aux œuvres immersives dans une série de lieux culturels de la Rochelle : Muséum d’Histoire Naturelle, Aquarium de La Rochelle, Tour de la Chaîne (Centre des Monuments Nationaux), Musée du Nouveau Monde et la Gare de La Rochelle. Après avoir abordé les sujets de diffusion dans nos conférences les années précédentes, on a à cœur de prouver que des collaborations avec des musées et des espaces publics sont propices à l’exploitation XR. Le patrimoine, les lieux culturels comme les musées sont de plus en plus friands d’innovation – et en France nous avons un tissu de lieux comme cela dans toutes les petites et moyennes villes, et pas uniquement sur Paris !
S. M. – En 2021, PiXii veut réellement ouvrir la porte des expériences immersives au grand public. Et la ville nous accorde un soutien plein et entier, avec une vraie volonté d’intégrer des projets innovants dans l’expérience visiteur. Jusqu’à présent le festival a eu une vocation clairement professionnelle, en complément des actions du Sunny Side of the Doc, et en s’appuyant sur une communauté de professionnels qui venaient sur place. La notion de marché implique des rencontres, des sessions de pitchs, du networking, etc. On espère tout mettre en place comme on l’imagine, aussi pour favoriser la possibilité de monter de nouveaux projets. Sunny Side of the Doc a toujours été un lieu où les coproductions se montent, les projets se concrétisent.
Les sélections Pixii 2021
S. M. – Les expériences seront proposées via deux canaux de diffusion. D’un côté les professionnels accrédités à Sunny Side of the Doc pourront accéder à une sélection de 8 films XR disponibles sur une vidéo-librairie en ligne. De l’autre côté, c’est à la Rochelle qu’ils pourront aller de lieux en lieux découvrir différentes installations immersives – certains contenus ayant été sélectionnés à différents endroits ! Chaque lieu a fait sa programmation, avec l’équipe de PiXii bien évidemment, pour que chaque expérience corresponde à la singularité du lieu dans lequel elle est accueillie – ou au contraire réfléchir à des propositions plus disruptives. Il y a des choses inattendues ! Tout ceci sera confirmé, précisé lors de la conférence de presse et bien évidemment selon les conditions sanitaires qui nous permettront de le faire.
S. M. – L’édition 2021 de PiXii va accueillir beaucoup de projets français. C’est sans doute une contrainte née de la crise que nous connaissons depuis plus d’un an ; en l’absence de délégations internationales, ce sont en grande partie des productions françaises qui ont proposé leurs films mais nous avons également plusieurs projets venus d’autres pays et continents. “StorytellingMatters” est notre fil rouge tant à Sunny Side of the Doc qu’à PXii et la sélection reflète cette ambition. Pour la partie XR il y a une forte tendance aux sujets de société, autour notamment des conflits et du phénomène de migrations qui en sont l’une des conséquences. La diversité et l’inclusion et plus largement la place de la femme dans nos sociétés sont également présents dans les sujets traités.
XR Films Selection
- Sperm Whales: Dive In Another Consciousness (France)
- All Her Bodies (United States)
- Sculpture Experience (France)
- African Space Makers (Germany)
- PUR – Listen To What Nature Says (France)
- Dreamin’ Zone (France)
- Replacements (Japan, France)
- The Hangman At Home (Denmark, France)
Immersive Experiences Installations: Pixii Invests La Rochelle
- Kinshasa Now (Belgium)
- New Aesthetics Displays (France)
- Lady Sapiens (France)
- Sperm Whales: Dive In Another Consciousness (France)
- African Space Makers (Germany)
- PUR – Listen To What Nature Says (France)
- Furie d’Alesia, une histoire immersive “Punk Antic” (France)
- Sculpture Experience (France)
- Ørsted Space Safari (Denmark)
- Georges Méliès : Fantaisies Virtuelles (France)
S. M. – Dans une volonté de s’ouvrir à tous les formats possibles, PiXii Festival ne se cantonne plus uniquement à la production 360 et la réalité virtuelle. Nous aurons donc des projets s’appuyant sur les réseaux sociaux comme Instagram, Twitch ou autres. L’exemple de PUR est intéressant en cela ; c’est une série audio produite par France Télévisions Studio en partenariat avec France Inter, avec 36 segments et une immersion assez simple mais réussie qui allie images et sons. Il y aura également une exposition itinérante en réalité augmentée à partir de photos prises de chaque lieu où se déroulera le festival. Globalement on remarque que les sujets évoqués dans ces expériences XR étaient déjà en germe lors de la premier édition en 2017. Pour aborder des thématiques sociales, humaines, l’immersion fonctionne toujours mieux. Le recul n’est pas possible, comme ce peut être le cas via les écrans. Et cette faculté de l’immersion à engager le spectateur qui devient en quelque sorte spect-acteur est un levier qui permet de conquérir les institutions, les musées, qui y voient un intérêt accru en quelques années. Et ce que je souhaite, c’est que l’innovation amène les gens à réinvestir les lieux physiques, ne pas rester derrière leur écran mais y plonger.
S. M. – L’étape suivante, qui a déjà été opérée par certains, est la phase de distribution. Dans l’une des conférences, nous allons parler de la question de rentabilité des œuvres immersives au sein des LBE. Opposer la création à l’économie n’a plus lieu d’être ; le ROI dont se penser dès la phase d’écriture. Il n’y a qu’à voir les expositions CARNE Y ARENA ou THE INFINITE à Montréal, coproduite par le Centre Phi, pour y voir des pistes d’évolution très concrètes. Il faut qu’on arrive à prouver que des systèmes de rentabilité peuvent exister. Quitte à égratigner certains.
Immersive Experiences Pitch
- The Deep Med (France)
- Nexus (United Kingdom, Canada, France)
- The Metamorphosis of Paris (France)
- Noire (France)
- Blood Speaks (France, United-Kingdom)
- Wiped Out Jeanne (France)
S. M. – Côté conférences, nous organisons une rencontre avec tous les producteurs de la Sélection des œuvres immersives présentées dans les lieux de la Ville afin qu’ils aient une visibilité internationale. Nous avons également renouvelé notre association avec Europe Creative pour organiser le chapitre 2 de la conférence Bridging Culture. Cette conférence mettra en avant une nouvelle série de projets d’œuvres immersives tout en faisant un point d’étape des projets présentés en 2020. Ce sera un temps fort pour constater qu’on s’éloigne de plus en plus des modèles traditionnels de production documentaire. Des universités, des spécialistes de l’IA collaborent désormais sur des projets artistiques, c’est très intéressant ! Nous produisons aussi avec le Marché international du Film d’Animation d’Annecy une double conférence autour de la production de contenus natifs pour mobile. Le premier volet, diffusé à Annecy, aura un double éclairage sur la création en animation ; PiXii se consacrera aux contenus culturels et aux modèles économiques de production et distribution.
Pixii, c’est aussi un nouvel incubateur de coproduction
S. M. – PiXii Festival a lancé PiXii Co-Création (lien), l’incubateur européen de projets immersifs coordonné par Sunny Side of the Doc, en partenariat avec Creatis, 2K Films, MOMUS et MUTEK, avec le soutien de Creative Europe. Cette nouvelle initiative européenne vise à initier des synergies entre artistes et studios innovants, acteurs clés du numérique et institutions culturelles afin de développer des projets collaboratifs internationaux à contenu immersif. Nous voulons accompagner, aider des projets dès leur premier pas, d’où le terme de co-création. On y travaillera le concept même du projet, qui sera donc amené à évoluer selon les rencontres, et les différentes étapes avec des mentors. C’est l’extension concrète d’une ambition qui existait depuis la création de PiXii où plusieurs projets ont été initiés, à l’instar de LADY SAPIENS (voir notre interview de Jeanne Marchalot, France Télévisions) dont les premières diffusions ont lieu ce printemps. C’est à La Rochelle que les premiers contacts ont eu lieu. Et c’est toute notre ambition : être un lieu propice à l’incubation de projets et de coproductions.
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