En 2021 le NewImages Festival renforce son rôle stratégique de marché professionnel avec 41 projets sélectionnés et une centaine de “decision makers” pour les challenger, sans compter les conférences et rencontres organisées en ligne et à Paris.
Discussion avec Elie Levasseur, désormais 100% NewImages Festival, sur une édition 2021 toute particulière ; elle se déroule à peine 8 mois après celle de 2020 !
Replay : retrouvez également notre entretien avec le directeur du festival Michael Swierczynski, “Notre festival doit être un laboratoire international de la création immersive”.
Cover: RED (Jasmin Kent Rodgman; lisa luxx; Gaëlle Mourre)
Définir un XR Financing Market post-Covid
Elie Levasseur – NewImages Festival côté professionnel, ce sera avant tout un événement en ligne les 7 et 8 juin – donc en amont du festival en lui-même. C’est un choix que nous avons fait rapidement, pour que la communauté XR intéressée puisse dialoguer, networker le plus directement possible. Il y aura donc des rendez-vous (one-to-one) selon l’agenda de chacun, et bien sûr on accueillera ceux présents sur le festival en physique sans problème les 9 et 10 juin – principalement les français donc. Pour un marché de ce type, il fallait qu’on anticipe au maximum les conditions de l’événement pour construire le programme, assurer la présence des decision makers, etc.
E. L. – Nous avons appris de notre dernière édition, déjà hybride, surtout sur la gestion de la plateforme. En 2021 ce sera donc une seule plateforme (Swapcard) pour gérer l’ensemble de ses activités, son agenda de rendez-vous, voir les conférences, accéder aux informations des participants. L’expérience utilisateur pendant nos rencontres professionnelles sera plus facile, et unique qu’on soit à distance ou non.
41 projets sélectionnés côté professionnel
E. L. – Sur cette nouvelle sélection de projets sélectionnés au XR Financing Market, il y a eu de grands changements – qu’ils soient dûs au Covid ou à des changements de notre côté. D’une part, de manière très positive, on voit des projets d’origine beaucoup plus diverses. On a fait attention à cela car, historiquement, notre ADN était très lié au cinéma et à l’audiovisuel – comme en France par ailleurs. Hors la XR c’est aussi des auteurs et producteurs venant du théâtre, du cirque, de la danse, de l’art contemporain ! Avec Michael, on a fait attention à la diversité des projets présentés pour mieux représenter ce qui se passe au niveau mondial. Il n’y a qu’à regarder les expériences produites au Royaume-Uni, très liées au théâtre (ou au dynamisme de Creative XR), ou au Canada qui soutient énormément sa filière. Au NewImages Festival 2021 il y aura donc un équilibre entre du gaming, du narratif en fiction ou documentaire, de la performance.
E. L. – Et cette ouverture, à d’autres projets et acteurs, nous permet de découvrir de nouvelles structures. On veut accueillir – avec une vraie évangélisation évidemment – les musées, les lieux susceptibles d’accueillir des projets XR. C’est important, notamment côté decision makers invités, d’élargir le scope des gens qui peuvent être intéressés par les expériences proposées. Cette liste de personnes qui vont ausculter les œuvres en sélection nous a bien occupé ces dernières semaines.
E. L. – D’autre part on remarque que le budget moyen des projets soumis au marché a brutalement baissé. On peut imaginer que la crise oblige les producteurs à revoir leurs ambitions, mais c’est aussi – et surtout – lié à la typologie des projets reçus. les projets immersifs d’art contemporain ou de live performance ayant des budgets moins importants que les jeux ou les expériences narratives. Auparavant, on avait une moyenne de 450 000 euros de budget sur l’ensemble du line-up. En 2021, la moyenne se situe à 289 000 euros, et 25% (11 sur 41) des projets en sélection ont un budget prévisionnel, égal ou inférieur à 100 000 euros. Par ailleurs, et c’est un autre point intéressant, la part de budget acquis des projets présentés est montée de 12% à 28% ! Même si, par conséquent, les budgets sont moindres dans les types d’œuvres sélectionnées, c’est aussi et sans doute une marque de prudence du marché. Hors jeu vidéo, qui reste le format le plus cher.
E. L. – Enfin la crise du Covid a eu un impact sur les dépôts de projets. On a vu certains producteurs préférés retravailler certains projets qu’ils avaient laissés en stand by plutôt que de se lancer dans de nouveaux développements. Certains l’on fait avec un certain succès, puisqu’ils ont convaincu le comité de sélection. Un autre point à souligner concerne la stratégie de distribution, alors qu’on aurait pu imaginer que le marché allait s’adapter au contexte de la crise sanitaire pour privilégier une distribution en ligne de leurs œuvres, il apparaît au contraire que la stratégie de distribution physique via des acteurs LBE (Location-Based Expérience) reste de loin la plus plébiscitée.
La rencontre avec les decision makers
E. L. – Très clairement l’avantage d’un événement hybride est de pouvoir attirer les décideurs internationaux sans les contraintes des transports. Concrètement, ça permet d’élargir le nombre de Decision Makers invités. On est ainsi passé d’une quarantaine de décisions makers en 2019 et 2020 à plus de 100 cette année. Le format en ligne permet d’attirer des acteurs intéressés par un nombre limité de projets et qui ne se déplacerait pas autrement pour rencontrer 2 ou 3 projets. Aujourd’hui on peut appeler des musées océanographiques pour leur présenter 2 projets, ils répondent facilement car l’effort est négligeable par rapport à leur curiosité. Clairement l’édition en ligne nous aura permis d’évangéliser de nouveaux acteurs et on espère les fidéliser sur le long terme.
E. L. – On est très heureux de voir le marché global se structurer autour d’événement comme le nôtre – notamment côté festival avec l’initiative XR3. Il y a encore beaucoup de choses à imaginer pour améliorer le marché et trouver la formule qui correspond à cet écosystème. La question de l’hybridité du format à la fois présentiel et en ligne est une piste intéressante car les 2 formats sont complémentaires mais elle n’est pas la seule. Par exemple, comment faire pour mettre le projet en développement ou le prototype au cœur de la relation entre décision makers et artiste/producteurs ? comment faire pour permettre aux artistes sélectionnés de faire des démos ? Comment faire pour permettre aux producteurs de présenter leur projet tout au long de l’année à différentes étapes de développement ? Comment faire pour impliquer des acteurs culturels qui ne sont pas encore sensibilisés à l’art immersif ? Comment susciter leur envie de se déplacer sur ce marché alors qu’ils ne sont que très rarement équipés de casques VR sur leur lieu de travail ? Autant de challenges importants qui se posent pour les prochains mois.
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