A l’heure où de nombreux événements français liés aux technologies immersives se réinventent ou changent de direction, Virtuality fête sa 6e édition avec un nouveau nom – suite logique d’une métamorphose amorcée l’an dernier. Retour sur un salon qui se veut au cœur de la révolution Web3 avec son fondateur Olivier Godest.
Pour participer au prochain Virtuality Web3 Summit (16 et 17 mars 2023), c’est par ici : https://www.virtuality.fr
Cover : Photo @ Virtuality Paris 2022
Virtuality : suivre les tendances immersives
Olivier Godest – Virtuality, c’est un projet imaginé dès 2016 – et dont la première édition a eu lieu en 2017, autour de la réalité virtuelle et des nouvelles technologies immersives. Nous avons connu 3 belles éditions sur ces thématiques jusqu’en 2020, et la crise sanitaire. Fin 2020, nous avons monté une édition totalement virtuelle sur la plateforme Teemew (lien) développée par Manzalab. L’essor des technologies immersives et du metaverse nous a fait prendre conscience qu’il fallait élargir les thématiques du salon, et y accueillir l’ensemble des acteurs du web3. Après une édition 2022 au Carreau du Temple qui a confirmé cette impression, nous avons donc fait évoluer le nom du salon pour correspondre à ces nouvelles envies : bienvenue au Virtuality Web3 Summit !
O. G. – Il est essentiel aujourd’hui de bien comprendre le mouvement amorcé par le web3 depuis la crise Covid. Beaucoup de gens en parlent, souvent de façon parcellaire, mais il reste complexe d’identifier concrètement ses composantes. Blockchain, mondes virtuels, cryptomonnaies, XR… C’est une vraie révolution qui se déroule sous nos yeux, qui impacte déjà notre quotidien. Si on regarde le phénomène metaverse, et plus spécifiquement les mondes virtuels, c’est déjà largement utilisé – y compris en 2020 par plusieurs salons dont Virtuality – bien avant que Meta ne s’en empare. La blockchain, c’est un champ d’exploration à part entière qui devient de plus en plus important.

O. G. – Virtuality Web3 Summit, c’est d’abord un lieu de business – et de façon totalement transparente. Notre mission est évidemment d’accueillir l’ensemble de l’écosystème web3, de mettre en avant les bonnes idées, les aspects sociaux ou environnementaux quand ils existent, mais notre fonction première est de mettre en relation des entreprises pour créer de la valeur (prestation de services, etc.). On est donc très accessible ; l’entrée est gratuite. On accueille toutes les industries concernées par nos thématiques, avec des exposants, des conférences et un vrai sens du networking sur place. Notre public est composé de leaders de toutes les industries qui s’interrogent sur ces nouveaux usages. En tant qu’événement, nous devons évoluer au gré de ces tendances pour mieux répondre aux questions des visiteurs.
O. G. – Notre focus est de conserver un vrai sens de la pédagogie, même après 5 éditions. Aujourd’hui Virtuality c’est 55 conférences en 2 jours et un public en demande d’informations. Cela fait partie de notre mission de pouvoir expliquer les tenants et aboutissants du web3, des mondes virtuels, de la XR. On veut s’inscrire dans la philosophie générale du web3. L’accessibilité, la diversité, l’inclusivité… Ce sont autant de valeurs qui sont intégrées à ce mouvement. Notre volonté d’accueillir gratuitement un public de professionnels se place dans cette idée de diminuer les barrières pour ceux qui sont curieux sur ces sujets. Et avec un vrai succès en 2022.

Le web3 a l’heure d’une maturité technologique ?
O. G. – Je ne sais pas si l’ensemble des domaines que nous abordons ont tous acquis une certaine maturité. C’est fascinant, et excitant, de suivre édition après édition les évolutions technologiques de chaque industrie. Mais on est encore dans des périodes d’incubation, de tests, de prototypes. Il faut se rappeler qu’en 2017, on mettait encore des téléphones dans des boîtes en carton pour regarder des films 360 ! Aujourd’hui, les casques VR grand public sont moins chers que les smartphones dernier cri – et des casques déjà très performants. Tout est en réalité très relatif, car au global la vision est moins claire. Les annonceurs se posent des questions. Des marques achètent des assets dans des mondes virtuels sans réellement savoir quoi en faire.
O. G. – Et il faut considérer que le web3 se cherche encore, se développe. Parfois cela conduit à des erreurs, des déceptions, et c’est normal ! L’esprit des pionniers de l’immersif est là, le marché doit encore grandir pour exister pleinement. Et on espère jouer notre rôle pour exposer les projets les plus fascinants, les études de cas qui permettent de mieux appréhender les contours concrets de ce qui se prépare. 2023 devrait être une année fascinante sur ces points, dans les matériels qui vont arriver mais aussi la perception que l’on peut avoir de ces univers technologiques et créatifs.

O. G. – L’écosystème web3 est fascinant, et même pour nous c’est un nouveau dynamisme au quotidien que nous voyons pour les acteurs du marché – et les nouveaux entrants. La crise Covid avait mis un frein à beaucoup d’initiatives, mais le redémarrage – sur de meilleures bases – nous donne confiance pour la suite. Il y a une volonté de changer les choses au sens large, avec des intentions de décentraliser le mouvement, de moins dépendre de grands groupes, repenser le monde du travail ou l’appropriation de la data, des recherches pour une blockchain plus verte… Il y a énormément de bien qui se dégage de ça, et c’est ça l’idée du web3.
Le web3 et la recherche d’un modèle vertueux
O. G. – L’intérêt des pouvoirs publics pour le web3, souvent (malheureusement) résumé au “metaverse”, est intéressant mais ne doit pas être le moteur principal de l’essor de nos industries immersives. Le gouvernement vient de publier un premier rapport exploratoire sur le Metaverse sur lequel nous avons été interrogés (lien). Emmanuel Macron a lancé France 2030 comme un vaste blanc à court terme pour que ces filières soient mieux implantées en France. C’est super ! Mais nous imaginons un web3 décentralisé, indépendant, innovant en termes de tissu social et technologique. J’attends de voir les actions concrètes, des aides budgétaires notamment, pour dépasser le simple “contre les GAFAM” qui voudrait bâtir des industries nationales. Je suis utopique mais j’espère plus d’innovation sur ces sujets.

O. G. – Tout en imaginant un monde meilleur grâce à ces technologies, on reste honnête sur l’idée de plateformes qui pourront vivre à travers la publicité ou d’autres dispositifs. Encore une fois, c’est assez intéressant de voir les marques – y compris traditionnelles – tester des choses dans les mondes virtuels et le jeu vidéo. Roblox, Sandbox, Fortnite… Il y a beaucoup de modèles de business à réfléchir, et là-aussi j’espère voir arriver de nouvelles propositions. Pourra-t-on abandonner nos vieilles habitudes marketing etc. ? Au regard des investissements en jeu, pas sûr. Mais j’espère qu’on conservera un certain esprit d’indépendance pour ne pas refaire les mêmes erreurs que les réseaux sociaux 2.0.
O. G. – En 2023, on proposera une édition sur le même modèle que l’an dernier au Carreau du Temple. Une centaine d’exposants, une soixantaine de speakers français, européens et internationaux… La conférence d’ouverture sera animée par l’association Blockchain for Good (lien), ce qui correspond à notre envie d’avoir un impact positif concernant le sujet Blockchain. Nous y parlerons de l’impact de cette technologie dans 12 grandes industries, avec 2 études de cas plus spécifiques (l’écologie et l’énergie). Une autre conférence d’Anca Petre traitera du web3 dans l’industrie de la santé, à destination des professionnels et pas seulement des patients.

O. G. – Les français de Ledger nous exposeront leurs offres pour les entreprises dans le secteur crypto, et c’est extrêmement pertinent de continuer ses discussions dans une année fortement perturbée pour les crypto actifs, notamment par FTX. Meta France viendra parler de leur vision pour le metaverse, et c’est intéressant car nous sommes aussi un lieu d’échange et de dialogues avec ces grandes entreprises très impliquées. Et justement, nous accueillerons aussi l’équipe (Adrien Basdevant et nous espérons Camille François, qui vit aux USA) qui a écrit le rapport exploratoire français sur le Metaverse pour en discuter les 10 grandes propositions qui en sont sorties. Et le programme n’est rempli qu’à 30% !
La Web3Week : Paris capitale du web3 ?
O. G. – Derrière la philosophie web3, il y a l’idée de solidarité, de décentralisation et d’échange. C’est pour cela que nous proposons en 2023, du 13 au 17 mars, à toute entreprise ou groupement de monter son propre événement web3 à Paris et que cela soit relayé sur nos canaux. Et vice-versa. Je veux inciter les acteurs de chaque secteur à présenter leurs technologies, produits ou œuvres aux publics – qu’il s’agisse des 5000 personnes du salon, ou plus largement aux parisiens, et partager ça à travers un agenda commun. Je ne peux pas créer plusieurs événements simultanés à Paris, mais j’espère inciter d’autres entités à le faire à travers des showcases, des afterworks, des workshops, en vrai ou en virtuel. Cette année sera un test, pour développer ce type de solidarité les années futures, aborder de nouveaux sujets et plus de public.

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