Parmi les “vétérans” du transmedia (soit environ 10 années d’activité minimum) on peut compter Romain Bonnin. L’auteur-producteur, passé par toutes les formes possibles (du film interactif avec TANTALE à un ARG “Plus Belle la Vie”, ainsi que la supervision de plusieurs projets au sein des nouvelles écritures de France Télévisions : WEI OR DIE…) est désormais en charge du Pôle Numérique et Nouvelles Narrations au sein de Flair Media Group.
De la série web aux expériences plus connectées, Romain a produit ces dernières années plusieurs programmes pour France Télévisions, Arte ou encore TV5 Monde – notamment GENDER DERBY et SORCIERE LISA de Camille Ducellier, GIRLHOOD de Jean-François Tatin, BORN TO SURVIVE de Léa Ducré et Romain Blanc-Taillieur, MINUSCULE AR, FAIRE CORPS de Pauline Marchetti et Mathieu Pradat, la création du pure player ALORS MEDIA ou dernièrement la série de fictions courtes SPACE GAME (4 saisons) de Frederick Sigrist et Dedo.
Une odyssée au long cours à travers les formats et les plateformes pour proposer des contenus adaptés à ces nouvelles écritures toujours en mouvement.
Cover: SORCIERE LISA
Flair Production, producteur nouveaux médias
Romain Bonnin – Flair Production est un groupe présent sur de nombreuses verticales l’audiovisuel (documentaire, magazines), le cinéma (fiction), la musique, et le digital – dont je suis le producteur depuis déjà 6 ans ! Le challenge était de démarrer l’activité numérique du groupe (en fiction et en documentaire !), en ayant la possibilité de tester des choses dans un contexte toujours changeant. Il y a eu le vrai transmedia avec des projets interactifs, puis est arrivé l’immersif. L’objectif évident était d’aller chercher de nouvelles audiences sur les plateformes qui émergeaient.
R. B. – C’est dans ce contexte que j’ai invité Camille Ducellier à concevoir des créations originales documentaires innovantes comme GENDER DERBY, par exemple. Mon ambition comme producteur est d’accompagner les auteurs-rices sur la durée, à travers l’émergence de ces nouveaux usages. On peut proposer des séries digitales documentaires verticales avec une nouvelle grammaire (et jouer avec les réseaux sociaux, là où les players des diffuseurs ne gèrent pas tous ce format). On peut aller plus loin dans l’exploration des thématiques, avec un regard neuf.
R. B. – Dans ce sens, on accompagne avant tout les diffuseurs dans la prise en main des formats et des sujets (en l’occurrence sur la transidentité). GENDER DERBY, ça a cartonné sur Snapchat après plusieurs tentatives sur d’autres plateformes. Et on voit que ça peut fonctionner, y compris sur des sujets de société, documentaires, singuliers ! On a du défriché ces nouveaux terrains d’exploration… On a continué côté vertical avec SORCIÈRE LISA (Camille Ducellier) pour une diffusion plus calibrée avec Slash, France Télévisions – tout en utilisant toujours Snapchat et Instagram. On a pu atteindre grâce à ce “mix” plus de 5 millions de vues !
Le transmedia : toujours innover ?
R. B. – Le terme “transmedia” est toujours d’actualité, et je le vois en travaillant au sein d’un groupe comme Flair Media Group. En 2022 nous avons accompagné l’artiste Dadju au global, à travers un long métrage pour le cinéma (IMA de Nils Tavernier), une série documentaire de 6×26 minutes et la captation d’un concert événement au Parc des Princes, on flirte avec des enjeux transmedia qui, pour nous, est un cas d’usage intéressant.
R. B. – Notre travail avec les diffuseurs, c’est entretenir le dialogue et identifier les possibilités. Dans ce cadre, on peut proposer des choses, et travailler avec nos auteurs. C’est plutôt optimiste ! C’est aussi mon travail de calibrer chaque programme pour chaque plateforme et chaque diffuseur..
R. B. – Aujourd’hui on travaille avec Camille Ducellier et Camille Turin qui est productrice junior au sein du pôle dans l’innovation, en produisant une série digitale et un documentaire en même temps (GREEN SWITCHER – Diffusion en 2023 – sur des parcours de reconversion vers l’environnement). J’aime à imaginer des contenus doubles, voir triples, en s’adressant à différents publics. Il faut adapter nos modèles de narration selon chaque mode de diffusion. C’est intéressant de l’imaginer en réalisation et en production. On pousse peut-être toujours cette idée de transmedia !
Vers une maturité des diffuseurs numériques
R. B. – L’enjeu, c’est d’être en veille permanente sur les besoins des diffuseurs. Il y a un besoin d’agilité, de mobilité (sur les sujets, sur les auteurs) qui est paradoxal au sein d’une industrie audiovisuelle souvent ramenée vers ses habitudes traditionnelles. Je vois qu’aujourd’hui le numérique est questionné sur chaque programme de flux – ce qui ne veut pas dire qu’il est activé à chaque fois. Notre relation aux diffuseurs est rapidement limitée de l’autre côté, sur les enjeux de diffusion sur le digital.. Quand ça marche, on a quelques chiffres à mettre en avant. Au-delà, on a du mal à avoir des retours. Les réseaux sociaux, c’est encore la jungle. On peut y recueillir beaucoup d’informations sur la réception de nos programmes, mais aussi avoir à gérer les raids de haine et trolls comme nous avons eu sur GENDER DERBY.
R. B. – Le digital, c’est un enjeu d’innovation éditoriale avant tout. La télévision, en flux, a généralement des cases de 52 ou 26 minutes. En ligne, on peut faire des choses différentes – et ça dépend de l’ambition de chaque diffuseur. Ce sont des cases nouvelles, d’émergence des sujets et des auteurs. Sans oublier les enjeux de représentation et de diversité, fortement présents ! Evidemment, c’est un travail en cours et il faut toujours penser à améliorer les choses. Notamment sur l’accompagnement de jeunes talents. Il faut donner leur chance à de nouvelles voix. Pour ma part, j’essaie d’accompagner au mieux un pool d’auteurs-rices réguliers, venu.e.s d’horizons différents.. Comment amener une autre façon de raconter des histoires ? Il y a une envie de narration forte, surtout en documentaire, qui demande de nouveaux talents.
R. B. – A côté de cela, la XR nous intéresse mais demande des moyens plus importants, et du temps, que nous n’avons pas toujours. C’est une frustration, mais nous ne pouvons pas être partout. Nous avons quand même produit MINUSCULE AR pour accompagner la sortie du long métrage, ou des projets comme FAIRE CORPS. L’an passé nous avons pu proposer une fiction interactive pour assistant personnel ALICIA FOIS-MOI RIRE de Benjamin Hoguet et Camille Fievez à NewImages, avant que Google ne fasse une mise à jour suivi Amazon-Alexa… qui a empêché la sortie du projet sur les plateformes pour des raisons techniques. L’interaction avec ces plateformes mondiales, c’est aussi – parfois – une prise de risque technologique. On reste à l’écoute des propositions immersives, même si on espère travailler sur des expériences plutôt légères. Aujourd’hui, on travaille par exemple avec Benjamin Hoguet sur un documentaire sur le rire et les geeks lié à notre série de fiction courte SPACE GAME de Frédérick Sigrist et Dedo – une production pour France 3 Ile-de-France. Le transmedia, toujours, avec un travail documentaire et sociétal qui nous inscrit dans un discours contemporain. Et sur un temps relativement court, parfois au niveau local.
2023 : les prochains projets Flair
Au sein du pôle, nous avons un projet innovant de fiction verticale avec Léa Ducré et Camille Ducellier. Et nous démarrons un travail de suivi soutenu autour de réalisateurs/réalisatrices issu.e.s de Filme Ton Quartier. Ceci est au cœur de notre volonté d’accompagner les talents émergents et la diversité.
Au sein du groupe, il y a un projet ambitieux d’animation réalisé par Alexandre Aja, “A quoi rêvent les dragons” produit par Guillaume Roy et Suzel Pietri qui est un formidable défi pour les équipes. Et, enfin, un enjeu éditorial porté par Sabrina Azoulay qui va irriguer nos productions centré sur les enjeux RSE.
Où les voir ?
GENDER DERBY (Episode 1) (France TV Slash)
SORCIERE LISA (France TV Slash)
GIRLHOOD (Arte)
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