Depuis le 21 juillet Montréal accueille l’exposition immersive L’INFINI autour des films en réalité virtuelle du studio Félix & Paul tournés dans la Station Spatiale Internationale (ISS) grâce à un partenariat avec la NASA et une collaboration entre Félix & Paul Studios, PHI Studio et Times Studio. Décryptage de cet événement amené à voyager avec la productrice Julie Tremblay et la responsable des nouveaux médias et des relations publiques au Centre PHI Myriam Achard.
L’INFINI, une exposition plus grande que nature
Julie Tremblay – L’INFINI est un projet initié par Félix & Paul, sous forme de documentaires tournés dans l’espace à bord de l’ISS : SPACE EXPLORERS, THE ISS EXPERIENCE. Ils ont réuni plus de 200 heures de contenu au total : Les deux premiers épisodes sont disponibles sur leur application Oculus. Évidemment ils ont voulu dépasser la disponibilité du contenu en ligne pour toucher plus de monde à travers une expérience immersive. De par notre relation très proche avec le studio (depuis 2014), nous avons commencé dès l’automne 2019 à imaginer le dispositif de ce qui allait devenir L’INFINI.
J. T. – Pour un projet de grande envergure comme celui-ci, avec plusieurs personnes en simultanée en VR et en temps réel, il a fallu trouver un lieu suffisamment grand. Nous avons en effet fait le choix de reproduire l’ISS en grandeur réelle ! Pour le Centre PHI, c’était une vraie envie de réunir un vrai public, une communauté de gens dans une seule exploration. Mais nous étions trop petits pour accueillir les 1161 mètres carrés (12500 pieds carrés, pi2) nécessaires. Notre choix s’est porté naturellement sur un lieu à Montréal assez similaire dans ses envies artistiques liées à l’art contemporain, entre la création et la technologie : l’Arsenal art contemporain.
Myriam Achard – C’est vrai que la synergie avec le lieu d’exposition était importante pour nous. Nous avons également présenté cette année CARNE Y ARENA à l’Arsenal, où nous occupions comme pour l’INFINI la totalité de l’espace disponible. L’INFINI va rester jusqu’au 7 novembre prochain à Montréal, avant de circuler en Amérique du Nord dans d’autres lieux, et idéalement le reste du monde ensuite. Notre planning prévoit déjà 12 villes sur 5 ans afin de présenter l’événement à un maximum de spectateurs : 4 mois dans chaque lieu, et 1 mois de transition. Notre prochaine destination est logiquement Houston (de décembre 2021 à avril 2022), la ville de l’aventure spatiale par excellence.
J. T. – Accueillir un projet comme L’INFINI, c’est un challenge logistique évidemment. Il nous faut trouver des espaces susceptibles d’accueillir du free roaming ; donc sans colonnes ni contraintes physiques ! L’équipe de PHI a développé sa propre compétence en la matière, et nous avons déjà des discussions avancées avec différentes salles qui pourront accueillir l’exposition. Nous pouvons être opérateurs sur place, ou former les équipes localement – nous avons alors besoin de 2 semaines minimum pour cela. C’est un point important pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble.
Une déambulation cosmique en réalité virtuelle
J. T. – L’INFINI, c’est une rencontre avec les astronautes. Seulement 250 personnes ont eu la chance de partir dans l’espace. Nous voulions donner un accès au grand public avec ce projet avant tout documentaire. Félix & Paul Studios a pu, en partenariat avec la NASA, concevoir puis emmener une caméra 360 au cœur de la station ISS. Mais là-haut, ce sont les astronautes qui ont filmé (notamment le canadien David Saint-Jacques) ! Il y a des moments très humains, voire très intimes, et pas seulement la partie officielle ou les expériences. Nous avons conçu un parcours dans ce sens, avec des parties sans réalité virtuelle avant et après l’exploration. Mais au centre, il y a une vraie déambulation (free roaming) dans l’ISS.
J. T. – On invite le public à activer des bulles de contenus à 360 degrés, des clips de 1 à 2 minutes. Il y aussi un film à voir en position assise, un paysage spatial de 7 minutes qui offre une vue de la Terre depuis la station. L’ensemble dure 35 minutes. Passé cela, chaque spectateur peut découvrir 3 salles thématiques présentant des œuvres d’art contemporain. Dans la première partie, l’artiste japonais Ryoji Ikeda s’intéresse au microscopique et au macroscopique. Dans la deuxième partie on est face à une pièce remplie de miroirs, une forme de vortex qui nous ramène sur Terre. Enfin dans la troisième, l’Origine, est une vue du ciel en pleine journée. La lumière est un critère important dans chaque partie.
M. A. – On peut accueillir jusqu’à 100 personnes par heure (ou rotation). Théoriquement, jusqu’à début novembre, on peut recevoir 93,000 spectateurs – même si l’automne sera sans doute plus calme que cet été. Notre dispositif, au-delà de la scénographie, imposait d’organiser l’avancée de chacun de manière intuitive. On guide les spectateurs à travers chaque étape, comme une chorégraphie de groupe quasiment invisible. Et puis L’INFINI propose des contenus inédits par rapport à ceux de SPACE EXPLORERS disponible sur Oculus ; c’est une vraie nouvelle proposition ! Chaque contenu découvert durant l’exposition se veut original, mais aussi exactement à sa place dans notre reconstitution de l’ISS !
Faire voyager l’expertise immersive du Centre PHI
J. T. – Pour L’INFINI chaque partie a été soigneusement réfléchie pour ne pas proposer qu’une expérience VR, mais quelque chose de plus universelle – et qui fonctionnait déjà très bien avec CARNE Y ARENA. Il faut accompagner le spectateur dans l’émotion, le sensoriel. L’expérience immersive se vit dans le son, les odeurs… A plus petite échelle, c’est une démarche existante au Centre PHI dans l’onboarding et le offboarding (avant/après l’exposition). On les fait “atterrir” en douceur.
J. T. – Au Centre PHI, cela fait 5 ans que nous proposons des événements autour de la VR. Notre expertise nous permet de nouvelles ambitions, comme L’INIFINI ou CARNE Y ARENA, car nos opérateurs sont formés pour cela. Nos équipes peuvent envisager des expositions plus monumentales. Jusqu’où peut-on aller ?
M. A. – Cette volonté a été affichée dès 2019 à Venise où nous présentions un espace événementiel pendant la Biennale. Et nous nous étions occupés de la scénographie de 2 œuvres présentes à Venice VR : BATTLESCAR et A LIFE IN FLOWERS. Avec notre expérience, nous voulons proposer de nouvelles choses au Centre PHI et en dehors de nos murs. VR TO GO continue cet été, alors que tous les lieux culturels ont rouvert à Montréal (voir l’interview). Nous serons là pour accueillir à nouveau Venice VR en septembre, et d’autres expositions sont proposées chez nous comme d’habitude – sur un rythme de 2 à 3 expositions par an.
Réservations : https://phi.ca/fr/studio/projets/infini-montreal/
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