De retour pour sa 7e édition, l’un des événements 100% dédiés à la création immersive et numérique réaffirme son positionnement très dynamique au sein d’un réseau mondial de festivals – et d’une année très riche en rendez-vous français. Avec un marché d’une densité rare (47 projets en développement, 51 expériences côté distribution), et une compétition, le NewImages Festival offre un regard sur l’état actuel et futur de la XR : décryptage avec Michele Ziegler pour sa troisième édition en tant que directrice de l’événement.
Le line-up du NewImages Festival 2024
Le NewImages Festival 2024 : une programmation dense
Michele Ziegler – Pour cette année, le festival accueille une grande variété d’installations et expériences multi-utilisateurs. C’est une tendance forte – avec également des contenus plus individuels évidemment – qui vient attester de l’hybridation des formats. La VR reste le support de création préféré parmi les projets étudiés pour la compétition : nous n’avons pas eu beaucoup de surprises dans ce registre. Avec les nouvelles avancées et le buzz autour des derniers casques sortis, nous nous attendions probablement à une plus grande prise de risque sur ces nouveaux formats. Il y a une vraie opportunité d’originalité sur la réalité mixte et/ou augmentée… et nous sommes enthousiastes à l’idée de voir ces projets nous être présentés ! Les innovations créatives pour la XR se retrouvent néanmoins plus du côté de notre XR Development Market où des créateurs pourront défendre des visions plus inédites, pour des projets à venir dès 2025 ou 2026.

M. Z. – C’est sans doute une phase de consolidation pour la XR, où le format “réalité virtuelle” acquiert une forme de reconnaissance artistique. Les possibilités y sont multiples, mais la création y est mature, les outils existants stables, et les productions solides. Dans l’éventail d’expériences présentées au NewImages Festival 2024, il y a de grandes propositions artistiques utilisant la VR. J’espère voir un retour à une forme d’expérimentation pour la MR ou l’AR qui méritent également leur place dans notre line-up. L’immersif reste un secteur singulier, où il faut surprendre le spectateur. Et idéalement proposer des niveaux d’interactions ou de personnalisation des expériences vécues.
M. Z. – Ces tendances modifient également notre organisation. Il nous faut trouver plus d’espace (et de budget, dans un contexte pré-Olympique complexe) pour accueillir ces expériences collectives. Sur l’édition 2024, nous allons donc proposer un espace temporaire sous la canopée du Forum des Halles pour accueillir NOIRE, IN PURSUIT OF REPETITIVE BEATS, STAY ALIVE MY SON, etc. Et ces œuvres demandent des mètres carrés supplémentaires que nous ne pouvons libérer au sein de notre lieu habituel – Le Forum des images – qui, lui, accueillera le reste de la sélection professionnelle et nos rencontres avec les acteurs de l’industrie XR. Tout cela est évidemment anticipé pour une meilleure gestion des flux visiteurs, en conservant en priorité notre mission d’acculturer le public à toutes ces innovations culturelles (lors des soirées et durant le week-end, notamment à destination des étudiants de TUMO Paris, l’école de la création numérique du Forum des images, et du jeune public en général).

M. Z. – L’importance de la création immersive se ressent dans le potentiel émotionnel des œuvres actuelles. Pour un événement, c’est un vrai plaisir de proposer des expériences à forte valeur émotionnelle, comme STAY ALIVE MY SON de Victoria Bousis par exemple. L’auteur du livre qui a inspiré cette expérience, Pin Yathay, viendra à Paris pour la découvrir pour la première fois. C’est ce type de rendez-vous qui nous motive à faire encore plus pour favoriser la découverte de ces expériences inédites.
Deux séances seront ouvertes aux professionnels et au grand public :
- COLORED (NOIRE) en présence de Tania de Montaigne, Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud – Mercredi 24 Avril à 18h30 en salle 300 au Forum des images
- STAY ALIVE MY SON en présence de Pin Yathay et Victoria Bousis – Jeudi 25 Avril à 18h30 en salle 300 au Forum des images
Un écosystème XR très dynamique
M. Z. – On note dans le même temps la présence de nombreuses coproductions, notamment européennes, ce qui tend à illustrer la force d’un écosystème international – et de vraies possibilités sur les financements dans plusieurs pays. Les collaborations avec les lieux culturels se multiplient, et c’est la confirmation d’une tendance également de fond qui voit éclore de très beaux projets au vrai succès populaire, comme les expéditions immersives d’Excurio au Musée d’Orsay, au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris par exemple.
M. Z. – Et c’est d’ailleurs la vraie plus-value d’un événement comme le NewImages Festival de pouvoir proposer des rencontres, voir des débuts de collaboration, entre créateurs ou studios, et lieux culturels. L’appétit en France pour ces nouvelles expériences collectives et immersives nous permet d’attirer un public de professionnels sur le festival, et durant nos Industry Days notamment, pour créer de nouveaux projets ou identifier des tendances entre les nouvelles technologies, les narrations innovantes et ces institutions dédiées au patrimoine ou à la culture. Nous restons à l’écoute des ambitions de ces réseaux et musées, via des initiatives comme Unframed Collection par exemple.
Le NewImages Festival, un hub international
M. Z. – Mon cœur de métier, c’est l’innovation au service de la culture. Avec le Hub, le NewImages Festival et le Forum des images veulent associer le monde de l’immersif avec des acteurs plus traditionnels des industries culturelles et créatives (ICC). Et surtout, créer des ponts entre des lieux culturels et les créateurs-rices, développer des espaces de discussion, d’échange. C’est un accompagnement à l’année, pour l’ensemble des industries culturelles liées au numérique, avec des ateliers chez nous, la mise en place de résidences d’écriture, l’aide à la diffusion des expériences. Et trouver de nouveaux lieux ou partenaires quand c’est possible, notamment en Europe ou bientôt une résidence à Paris. Pour cette année, nous ne travaillons plus sur la Villa Formose à Taïwan (le partenariat a été renouvelé avec le Centquatre-Paris), mais conservons de forts liens avec le Kaohsiung Film Archive. En dehors de cela, nous travaillons sur :
- Residence XR Farnese – Medici (Italie)
- Quito – Udla Immersive Residency (Equateur)
- Un projet de résidence à Paris pour accueillir des auteurs de l’Amérique du sud ou de Taïwan, co-organisé avec Universcience. Nous allons notamment pouvoir y inclure des rencontres publiques lors des phases de prototypages.
- Des initiatives à annoncer au Canada et en France, selon les partenaires à venir.
M. Z. – Dans nos travaux en cours, nous discutons beaucoup avec d’autres événements et festivals afin de mutualiser certains efforts, certaines pratiques. Je ne veux pas envisager les autres rendez-vous comme des concurrents, mais bien des partenaires avec qui s’associer pour continuer à augmenter la visibilité des contenus et créateurs-rices. Et peut-être clarifier le calendrier à l’année pour les producteurs, selon la spécificité de chaque festival ou marché professionnel.
Et côté marché ?
M. Z. – Nous avons reçu pour le XR Development Market plus de projets que l’an dernier. Et venant de types de sociétés plus diversifiées, notamment côté spectacle vivant. C’est un point intéressant, qui tend vers l’hybridation des techniques et des narrations intégrant les technologies XR. Par ailleurs, nous observons un réel intérêt de la part du public professionnel international à venir rencontrer l’écosystème français.

M. Z. – Et le NewImages Festival travaille aussi à la consolidation des réseaux, à l’ouverture de l’immersif aux autres industries culturelles. Notamment avec notre accompagnement des bibliothèques et médiathèques via des formations dédiées durant le festival, l’accueil de l’initiative Futura Cinema qui provoque des discussions avec les producteurs et distributeurs du 7e art, ou encore une visite des studios XR créatifs parisiens pour les professionnels étrangers quelques jours avant le festival.
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