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XR Magazine (FR)

Festival, Interview

“Le rôle des festivals de cinéma est de considérer l’immersif sous un angle artistique, au-delà de toute fascination technologique.” – Elie Levasseur (Festival de Cannes) 

2025-05-23

Adrien Cornelissen

Pour la deuxième année consécutive, le Festival de Cannes présentait une Compétition rassemblant 9 œuvres immersives. Un marché dédié à la création immersive dans son ensemble était également inauguré. Un programme dense qui illustre l’intérêt grandissant des festivals de cinéma pour l’immersif et révèle la vitalité d’un écosystème international en expansion. Elie Levasseur, responsable de la sélection immersive du Festival de Cannes et du Marché du Film, revient sur cette édition faste et partage sa vision de l’immersif.

Cover: LILI, by Navid Khonsari and Vassiliki Khonsari
Copyright ©️ Michaël Jan

Quel était le programme dédié à l’immersif pour cette dernière édition du Festival de Cannes ? 

Elie Levasseur – L’édition 2025 s’articulait autour d’une sélection d’œuvres en Compétition immersive, accompagnée d’un Marché immersif réunissant des professionnel·les venu·es du monde entier. Au-delà des tables rondes, nous avons organisé des rencontres individuelles entre producteurs et curateur·rices – en particulier celles et ceux qui, habituellement, ne fréquentent pas la Croisette. Cette attention concerne notamment des curateur·rices de grandes institutions muséales établis en Amérique du Nord, en Europe et en Asie ayant amorcé une approche dans le champ de l’immersif. L’objectif était de réunir un panel hétérogène d’acteur·rices, allant des arts numériques à l’entertainment. Au total près de 200 professionnel·les et expert.e.s du secteur sont venu·es à Cannes. Le Festival cherche à attirer des professionnel·les rarement présent·es dans des réseaux déjà établis, comme celui des arts numériques. Un milieu qui, tout en étant structuré, exprime aujourd’hui un besoin d’ouverture.

Abordons la sélection 2025… en quoi ces œuvres ont retenu votre attention ? 

E. L. – La ligne éditoriale de la compétition immersive se distingue de celle du Marché Immersif. Elle s’inscrit dans une logique narrative en résonance avec l’ADN du Festival de Cannes. Elle valorise des artistes qui explorent de nouvelles écritures et interrogent les formes du récit à l’ère immersive. La sélection embrasse une grande variété de formats : œuvres hybrides mobilisant la réalité virtuelle, à l’image de LACUNA, In the Current of Being, La fille qui explose VR, La Maison de Poupée, ou des expériences en environnements 360° comme Fillos do Vento: A RAPA. Nous avions envie de présenter des expériences individuelles et collectives. Cette diversité formelle et dramaturgique constitue un enjeu central de la programmation car l’une de nos missions consiste à sensibiliser les publics à toute cette grammaire narrative. Nous accordons une attention particulière à celles et ceux – journalistes, curateur·rices, décideur·euses institutionnel·les –  qui sont en lien direct avec les spectateur·rices ou détiennent un pouvoir de prescription. De nombreux acteur·rices, notamment celles et ceux impliqué·es dans les dispositifs de soutien, n’ont parfois que peu d’occasions d’expérimenter un dispositif immersif. Or, pour accompagner ces formes avec justesse, encore faut-il les vivre, les éprouver, et en comprendre les ressorts.

Fillos do Vento: A RAPA, by Brais Revalderia, María Fernanda Ordóñez Morla
Copyright ©️ Michaël Jan

En quoi l’immersif se distingue du cinéma ? 

E. L. – Les œuvres présentées s’émancipent de l’écran pour immerger les spectateur·rices dans un continuum spatial. Ce glissement du plan vers l’espace modifie en profondeur les logiques de création : là où le cinéma compose à l’intérieur d’un cadre, la création immersive chorégraphie l’espace. Une autre rupture fondamentale réside dans l’interactivité. Dans plusieurs œuvres de la sélection, celle-ci ne se réduit pas à une simple manipulation technique, mais ouvre un véritable dialogue entre l’utilisateur et l’œuvre. C’est notamment le cas de tAxI, de Lili ou de Beyond The Vivid Unknown où les gestes et les déplacements du corps dans l’environnement influencent le déroulé du récit.

Beyond The Vivid Unknown panel @ Immersive Spotlights
Copyright ©️ Michaël Jan

E. L. – Enfin, je crois qu’il faut revenir sur l’idée commune selon laquelle les artistes de l’immersif seraient nécessairement des cinéastes. En réalité, c’est loin d’être le cas. Alejandro González Iñárritu (ndlr auteur de l’œuvre Carne y Arena en 2017) affirmait que les réalisateur·rices ne devraient investir ce nouveau territoire, soulignant que l’art immersif constitue un médium autonome. Une prise de position un peu provocatrice, mais qui interroge. Aujourd’hui, nous voyons émerger des artistes issus du jeu vidéo, des arts visuels, du théâtre, du cinéma… mais il est probable qu’à terme, une nouvelle génération native de l’immersif s’appropriera pleinement ce champ. 

L’intérêt des festivals de cinéma pour la XR est un phénomène qui se confirme notamment de la part des festivals de cinéma de catégorie 1. Quel rôle peut jouer le cinéma dans l’émergence de ces nouvelles écritures ? 

E. L. – Je crois profondément à une filiation sensible entre le cinéma et la création immersive. Historiquement, il me semble que nous retrouvons, avec l’immersif, le même enthousiasme qui accompagna les premières projections cinématographiques. Il y a le même étonnement mais la technologie est différente. Le rôle des festivals de cinéma est de considérer l’immersif sous un angle artistique, au-delà de toute fascination technologique. Cela suppose aussi de déconstruire certaines idées reçues : l’art immersif n’est ni une extension du cinéma, ni son futur programmé. Il ne s’agit pas d’une substitution, mais bien de la coexistence de deux langages. A moyen terme, je pense qu’il y aura une cohabitation des œuvres.

Jury panel with Luc Jacquet, Laurie Anderson, Martha Fiennes, Tania De Montaigne & Tetsuya Mizuguchi @ Immersive Spotlights
Copyright ©️ Michaël Jan

Nous assistons à l’émergence de cette nouvelle forme narrative encore imprécisément appelée « art immersif », mot fourre-tout qui ne rend pas justice à la diversité des langages qui explorent ces territoires nouvellement ouverts par la technologie. Nous avons eu à choisir parmi ces voix émergentes et passionnantes par les futurs qu’elles proposent ; l’exercice est toujours difficile. Nous les avons approchés avec la grande diversité de nos parcours, heureux du sentiment d’être invités à participer à l’évolution d’un champ créatif en devenir.

Luc Jacquet, Président du Jury de la Compétition immersive

A vos yeux, l’essor de la filière XR est-elle comparable à celle du cinéma en son temps ? 

E. L. – Ce média est en pleine structuration et fait écho, à bien des égards, aux prémices de l’industrie du cinéma. Comme autrefois pour le septième art, on assiste aujourd’hui à l’émergence d’un réseau de diffusion. Des efforts sont menés pour normaliser les formats, attirer un public plus large, notamment en mobilisant des figures reconnues : Zar Amir incarne Lili quand Fanny Ardant prête sa voix dans Chez Moi (ndlr : œuvre hors compétition).

Doit-on s’attendre à une explosion d’œuvres immersives dans les salles de cinéma ?

E. L. – Des projets de salles dédiées à l’accueil d’œuvres immersives voient déjà le jour (ndlr : plusieurs projets lauréats de l’AAP Culture Immersive et Métavers, issus du programme France 2030 et dévoilés sur le Marché Immersif cette année, vont dans ce sens). Cela représente une avancée prometteuse. Mais je perçois l’évolution de ce médium avant tout comme une expérience spatiale où le public doit pouvoir se mouvoir et interagir librement dans l’espace. Les salles n’auront sans doute pas la même disposition que ce que l’on connaît. Quoi qu’il en soit, je reste convaincu que l’immersion privilégiera d’abord des expériences collectives. L’an passé, nous avions exclusivement présenté des œuvres multi-utilisateurs, signe évident d’un engouement pour ces formes collectives.

In The Current of Being, by Cameron Kostopoulos
Copyright ©️ Michaël Jan

Cela confirme donc l’essor du Location Based Entertainment (LBE) ?

E. L. – Le taux de pénétration des casques de réalité virtuelle demeure encore limité, et concerne essentiellement les “hardcore gamers”. Or, les publics sensibles aux formes narratives présentées dans la sélection immersive ne correspondent pas nécessairement à ce profil. Cette réalité du marché nous conduit à envisager la circulation des œuvres avant tout en LBE, hors du cercle privé. Parallèlement, l’Europe compte des milliers de musées, qui représentent un levier majeur. L’écosystème compte suffisamment d’acteurs engagés à travers le monde pour assurer la diffusion et la pérennité de ces créations immersives.

Comment imaginez-vous l’évolution du festival sur l’immersif ?

E. L. – Pour la première fois, la Compétition et le Marché immersif coexistent pleinement, formant deux piliers indispensables et complémentaires. À l’avenir, nous aspirons développer davantage ces deux volets. Sur les formats, nous sommes particulièrement satisfait de la qualité des œuvres sélectionnées : neuf projets en compétition, retenus parmi près de deux cents propositions, témoignent d’un haut niveau d’exigence. Reste toutefois une légère frustration d’avoir dû écarter certaines créations nécessitant de très vastes espaces de monstration. Du côté du marché, le potentiel d’expansion est encore considérable. Nous avons invité soixante curateur·rices à nos frais, ce qui illustre notre volonté d’ouvrir et de dynamiser ce secteur. Une autre piste serait aussi de préciser des axes éditoriaux à fort enjeux sur le marché.

Meetings @ Curators Network, Immersive Market
Copyright ©️ Michaël Jan

Cela pourrait être un axe entièrement dédié à l’IA ? 

E. L. – L’intelligence artificielle est une technologie que le Festival de Cannes et le Marché du Films ont choisi d’intégrer à sa réflexion. Dans la Compétition Immersive, quatre projets exploitent déjà cette dimension, c’est le cas de tAxI, Beyond The Vivid Unknown, Lili ou From Dust (oeuvre lauréate de la Compétition Immersive cette année). Il s’agit d’envisager cette thématique de manière globale, que ce soit au sein d’un programme dédié ou par une approche transversale. Nous constatons que les artistes sont déjà pleinement engagés dans ces questionnements, et nous cherchons à nourrir ce débat lors de nos conférences. Du côté du Marché du Film, les équipes de Guillaume Esmiol, et en particulier le programme Next manifestent une grande réactivité en matière de veille technologique, ce qui permettra d’enrichir notre offre de programmes et de conférences spécialisés sur le sujet.

Va t-on voir une sélection immersive ouverte au grand public ? 

E. L. – Nous nous interrogeons sur les modalités d’ouverture vers le grand public. Pour l’heure, les attentes exprimées par les producteurs portent avant tout sur les bénéfices liés à la présence du Festival de Cannes : la venue sur place de curateur·rices, de journalistes et de décideur·euses politiques constitue un levier essentiel. Notre priorité reste donc d’adresser ces trois publics professionnels. L’une des pistes envisagées pour l’avenir serait d’organiser une circulation internationale de la sélection immersive 2025, notamment au sein de musées, sous le label du Festival de Cannes. Cela offrirait au public une curation exigeante tout en permettant au festival de générer de nouveaux revenus. À nos yeux, cette stratégie présente un réel potentiel pour élargir l’accès aux œuvres immersives auprès du grand public.

tAxI, by Yamil Rodriguez, Michael Arcos, Stephen Henderson
Copyright ©️ Michaël Jan

On connaît l’impact environnemental des technologies numériques et de la XR, comment le Festival de Cannes peut concilier ces nouveaux formats artistiques et enjeux éthiques ?

(ndlr, lire les articles XR + Écologie = Erreur 404 / Comment structurer une filière éco-responsable pour la XR)

E. L. – Il me semble essentiel que la question environnementale ne se limite pas à nos conférences, mais qu’elle irrigue également nos pratiques concrètes. Il ne s’agit pas de considérer les technologies comme une réponse à la crise écologique, mais plutôt de sortir d’une posture de fascination vis-à-vis des technologies. Nous pouvons apprécier la manière dont ces outils stimulent de nouvelles formes de créativité, tout en demeurant responsables de nos usages. Cela implique de s’interroger collectivement : quelles sont les pratiques véritablement vertueuses ? Les œuvres immersives ne peuvent se contenter de thématiser l’environnement ; le propos ne suffit pas, il faut aussi interroger les conditions mêmes de leur production et de leur diffusion. C’est un point sur lequel nous allons travailler activement.

Site officiel

Immersive Market

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Immersive Competition @ Festival de Cannes 2025

Publication:

mai 23, 2025

Author:


Adrien Cornelissen
XR Magazine (FR)

–

Festival, Interview

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